Burkina Faso : Des partisans du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana demandent sa libération




Des sympathisants du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana mis aux arrêts depuis le 10 janvier 2022 pour des chefs d’accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de blanchiment de capitaux, se décrivant comme ‘’un regroupement spontané de citoyens et d’organisations éprises de paix et de justice’’ ont animé une conférence de presse ce mardi 11 octobre 2022 pour exiger sa libération.
Selon les conférenciers du jour, sur 40 personnes auditionnées dans le cadre de l’enquête pour faire la lumière sur l’affaire, personne n’a témoigné contre le Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana.
Pour eux, leur ‘’héros’’ n’est coupable d’aucun fait malveillant. Ils demandent donc sa libération et menacent de descendre dans la rue si rien n’est fait.
« Nous lançons un appel à toute la population à se mobiliser pour des actions à venir si la promesse des nouvelles autorités d’examiner le dossier politico-judiciaire n’est pas suivie d’effet de libération du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana dans les jours qui suivent », a déclaré Boris Guissou, porte-prole des partisans Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana.
Témoignage sur la bravoure du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana
Par ailleurs, selon les conférenciers, le Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana ne possède aucun bien selon l’enquête allant dans le sens de blanchiment de capitaux. À en croire Boris Guissou, lors de l’arrestation du Lieutenant-colonel, des biens personnels de ce dernier ont été saisis sans suite.
« Sa kalash (Kalachnikov, Ndlr) et son pistolet de service ainsi que de nombreux autres objets de valeur appartenant à sa famille. Tout cela a été ramassé sans PV de perquisition afin d’empêcher toute trace officielle. Une plainte initiée par ses avocats est jusque-là en cours d’examen », a-t-il déploré.
Les partisans du Lieutenant-colonel ont tenu à rappeler qu’après l’arrestation de ce dernier pour complot contre la sûreté de l’Etat, deux coups d’Etat ont été « consommés et plébiscités » au Burkina Faso.
« Le Lieutenant-colonel Zoungrana a sauvé la vie de mon binôme, le soldat S à Tongomayel en 2019. Le 22 septembre 2019, notre détachement de Tongomayel, 17 Km du camp de Djibo, a été attaqué. Tout le personnel s’est replié à Djibo, laissant tout seul au milieu des terroristes, mon ami soldat S originaire du camp Ouezzin Coulibaly de Bobo. Les terroristes ont brûlé la base pendant qu’il était caché dans les champs environnants. L’état-major de Ouaga n’a pas pu envoyer un hélico pour le secourir. Cela faisait déjà 4 jours de survie. Mon binôme allait mourir. Or, le LCL Zoungrana était à Ouahigouya en zone opposée. Je l’ai appelé en privé et lui ai expliqué le problème de S. Le LCL Zoungrana m’a promis qu’il allait lui-même descendre de Ouahigouya pour Ouaga puis continuer la même nuit sur Djibo. Le lendemain soir vers 22 heures à ma grande surprise, il est arrivé à Djibo en véhicule avec 20 Mamba verts plus un officier médecin du nom de P. Il a demandé que certains officiers ou militaires de Djibo l’accompagnent pour attaquer les terroristes et libérer le rescapé, mais personne n’a accepté. En réalité, les terroristes étaient très nombreux, environ 200. (…) Le LCL Zoungrana a quitté Djibo vers 22 heures avec ses 20 Mamba verts. Ils surprennent les terroristes dans le village vers minuit. De Djibo, nous entendons les combats. À 2 heures du matin, ils dénichent le soldat S dans les buissons. Le docteur le prend en charge. Le matin du 6e jour, le soldat est finalement évacué sain et sauf. Le LCL Zoungrana nous rassemble à son retour et nous dit que la solidarité est sacrée au combat et qu’on ne doit jamais abandonner un seul camarade au front. Le soldat S est toujours en vie aujourd’hui grâce au LCL Zoungrana », témoignage d’un soldat lu par Boris Guissou.
De l’avis de Marcelin Ouedraogo, du groupe des sympathisants, le regroupement entrera en contact avec les nouvelles autorités dans les jours à venir, mais en attendant, ils prennent acte de leurs engagements et attendent des actions. « Aucune preuve tangible n’a été signifiée au LCL Zoungrana sur tous les faits. (…) Nous ne disons pas que nous allons sauter la justice. Si la justice fonctionnait, il était jugé et condamné ou jugé et libéré », s’est-il exprimé.
Lors de cette conférence de presse, la nécessité de permettre au Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana de repartir sur le front de la lutte contre le terrorisme a été exprimée. Ses partisans sont revenus sur ses faits de guerre et son esprit de sacrifice pour la Patrie. Il s’agit selon eux, de son engagement dans le sauvetage du détachement militaire de Bah et sa bravoure à Tongomayel.
Pour eux, particulièrement pour Boris Guissou, « l’injustice est la sève nourricière actuelle du terrorisme au Burkina Faso ».