Des traditionalistes burkinabè invoquent les ancêtres pour le retour de la paix et une bonne saison pluvieuse


Des associations de traditionalistes ont organisé la 4e édition du Djibon, ce 4 juin, sur les berges du barrage n°1 de Tanghin à Ouagadougou. Il s’agit d’une cérémonie de libation en hommage aux ancêtres avant l’arrivée de la saison des pluies. Cette édition a été parrainée par Konomba Traoré, Trésor Humain Vivant.
Au début de la cérémonie, les initiateurs ont procédé à des sacrifices inauguraux, en sacrifiant deux poulets et un bouc, sur un autel interreligieux de la culture burkinabè. Les bêtes ont été immolées et leur sang versé dans les eaux du barrage n°1 de Tanghin.
Bia Kousse Drabo est le président de l’association Faso Koudoumdé, qui organise l’événement en partenariat avec d’autres associations de traditionalistes. Pour interpréter les résultats du rituel, Bia Kousse Dabo a fait comprendre que l’un des sacrifices a été effectué pour demander le retour de la paix au Burkina Faso.
« Nous avons demandé vraiment qu’il y ait le retour (de la paix, ndlr) et que, s’il y a des ennemis du pays-là, que ces ennemis-là, on les connaisse et que ces ennemis là soient dévoilés », a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, il a indiqué que la montée en puissance de l’armée actuellement est une résultante de la 3e édition du Djibon. À l’époque, les sacrificateurs avaient demandé cela aux ancêtres, selon lui.
À la suite de l’inauguration, plusieurs participants sont passés sur l’autel pour faire des offrandes aux ancêtres et leur adresser des doléances personnelles. Chacun y allant de son chef, certains ont sacrifié des poulets et d’autre des boucs.
La viande des animaux sacrifiés a été cuisinée et consommée par la suite, au cours d’un repas collectif.



C’est Konomba Traoré, Trésor Humain Vivant qui a parrainé l’événement. Prenant la parole, il a appelé à ce que les Africains se réapproprient leur propre culture. Il a aussi rappelé que dans les temps anciens, les ancêtres étaient attachés à leur culture et vouaient des cultes aux ancêtres pour être protégés du mauvais sort.
De nos jours, les Africains n’ont plus de protections parce qu’ils les ont détruites, notamment à travers le processus d’urbanisation et sous l’influence des adeptes des religions révélées, d’après Konomba Traoré. « Attention ! Nous allons faire disparaître notre culture. Vous savez ? La religion-là, c’est l’un des éléments les plus importants de la culture. Si on perd ça, nous sommes perdus », a-t-il alerté.
Se prononçant sur la menace terroriste dont le Burkina Faso fait l’objet, le Trésor Humain Vivant a jugé que la lutte contre le terrorisme se gagnera nécessairement par les armes et la tradition. « Les solutions au terrorisme, ce n’est pas seulement l’arsenal de guerre, les fusils, les bombes et puis les grenades. C’est surtout la tradition. Si chaque village est bien gardé traditionnellement, il n’y a pas le feu au village », a-t-il dit.
Par la suite, le parrain de l’acte 4 du Djibon a appelé à une révolution religieuse au Burkina Faso, afin de se préparer pour les combats du futur qui, selon lui, seront basés sur les religions.
« Je prône une révolution religieuse. On va inonder nos villages de cases à fétiches. (…) Préservons nos traditions. (…) Malheur aux peuples qui vont laisser tomber leurs cultures (…)», a déclaré Konomba Traoré.
Notons que le Trésor Humain Vivant a annoncé que lui et les autres ont demandé aux autorités de la Transition que deux jours soient décrétés dans le calendrier pour des célébrations traditionalistes.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7