Internet : Des Burkinabè en mode avion pour exiger des prix abordables


Ce 18 avril 2023, des citoyens burkinabè ont décidé d’activer le mode avion de leurs téléphones entre 11 h et midi, afin de protester contre les tarifs actuels des réseaux de téléphonie, qu’ils trouvent chers. Une équipe de Faso7 est allée à la rencontre de certains d’entre eux, pour recueillir leurs avis.
Depuis quelques semaines, des voix s’élèvent pour réclamer la baisse des tarifs des services des réseaux de téléphonie œuvrant au Burkina Faso. Ce 18 avril 2023, des partisans de cette lutte ont activé le mode avion de leurs smartphones, en signe de protestation. De 11 h à midi, pas question pour eux de faire usage de la data, du Wi-Fi où d’autres services des trois réseaux de téléphonie présents au Burkina Faso.



Parmi ceux-là, on a Mahamadi Ouédraogo, alias Mdi Ouédraogo, communicateur. À partir de 10 h 59, malgré les heures de service, celui-ci a mis son smartphone sous Mode Avion. Il fait remarquer au passage que certains pourraient sciemment le contacter, histoire de savoir s’il n’a pas trahi la lutte pour la baisse des tarifs des réseaux de téléphonie au Burkina Faso.
En tant que communicateur, il sait les risques qu’il encoure en termes de business, mais il assume son combat. « C’est une posture assumée et pour moi, tout le monde devrait pouvoir s’y reconnaître parce que le problème dont il est question est assez général et ça préoccupe tout le monde. Nous avons beaucoup de Burkinabè qui utilisent les réseaux sociaux, qui utilisent l’internet pour gagner leur vie, pour faire leurs affaires, en tout cas internet est devenu un outil incontournable en matière de développement. Donc aujourd’hui, il est impérieux pour tout État de travailler à rendre internet accessible à toutes les couches de la population », dit-il.



Samuel Traoré partage le même point de vue que Mdi Ouédraogo. Il est agent des inscriptions en ligne à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Pour Samuel Traoré, c’est une bonne chose de sacrifier une partie de son temps de travail pour bénéficier de meilleures offres de la part des réseaux téléphoniques. Cependant, il en veut à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) de n’avoir pas joué le rôle qui lui revient, à savoir veiller à ce que les citoyens burkinabè aient des tarifs téléphoniques moins chers.
« L’ARCEP est là, c’est une institution qui est là depuis longtemps, mais pourquoi depuis ça persiste ? Maintenant si à un moment on n’arrive plus à tenir, il faut que quelqu’un lève la voix, ce n’est pas en ce moment on va dire de venir donner confiance. La confiance était là », s’offusque Samuel Traoré.
Quant à lui, Mdi Ouédraogo juge que c’est le moment propice pour cette autorité de gagner en popularité. « L’ARCEP aujourd’hui dispose d’une opportunité pour montrer qu’elle est proche des populations, qu’elle sait être à l’écoute des populations, mais surtout qu’elle est capable de porter les préoccupations des populations de sorte qu’on puisse avoir satisfaction et réponse », déclare-t-il.



Teehl Loé Konaté, membre du « Cadre 2 h pour nous, 2 h pour Kamita » pense qu’il faut profiter de la Transition en cours pour résoudre le problème de la cherté d’Internet au Burkina Faso. « Il vaut mieux que cette exigence aboutisse parce qu’il vaut mieux mettre le paquet, parce que les possibilités de diminution existent, c’est toujours possible. Là, il s’agit d’une marge bénéficiaire, si on diminue la marge bénéficiaire des opérateurs va diminuer, il ne faut pas non plus diminuer à un niveau extrême où ils n’arrivent plus à réaliser leurs bénéfices ce qui est leurs objectifs », s’explique-t-il.
Si certains jugent qu’une heure de boycott est peu, d’autres trouvent qu’il y a plus urgent que de réclamer une baisse des tarifs d’Internet, compte tenu de la crise sécuritaire.
Qu’à cela ne tienne, Mdi Ouédraogo et ses camarades comptent poursuivre leur lutte en faisant monter progressivement le mercure, jusqu’à avoir gain de cause. En attend, Samuel Traoré et Teehl Loé Konaté espèrent que le prix du Giga octet (Go) soit bientôt compris entre 300 F CFA et 500 F CFA pour tous les réseaux.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7