FESPACO 2023 : Oswalde Lewat dédie un film à l’armée secrète de Nelson Mandela contre l’apartheid


Dans le cadre de la 28e édition du FESPACO, le film documentaire « MK, l’armée secrète de Mandela » de la réalisatrice camerounaise Oswalde Lewat, a été projeté pour la première fois ce 2 mars 2023 au Ciné Nerwaya. Il s’agit d’un film qui traite de la force paramilitaire Umkhonto we Sizwe (en zoulou ; littéralement « fer de lance de la nation » ), pensée par Nelson Mandela. De 1961 à 1991 cette organisation a été la branche militaire du Congrès national africain d’Afrique du Sud (ANC), de Nelson Mandela et ses camarades, dans le cadre lutte contre l’apartheid.


Le film « MK, l’armée secrète de Mandela », présente des témoignages d’anciens membres d’Umkhonto we Sizwe sur leur expérience. On retient que les « unsung heroes, en zoulou : » les personnes qui sont décédées en tentant de sauver la vie d’autrui » » comme on surnomme les combattants de cette force paramilitaire, ont contribué à la cessation de l’apartheid à travers une lutte armée contre la majorité blanche. À l’époque, la plupart d’entre eux avaient moins de 20 ans.



Il ressort aussi qu’ils ont eu le soutien d’États comme l’Union Soviétique où ils étaient formés pour la plupart, et certains revenaient combattre au pays après leur formation. « Ces soldats allaient en camp de formation. Ils étaient formés pendant un an, deux ans, trois ans », a précisé Oswalde Lewat tout en ajoutant que le Président Thomas Sankara leur avait aussi donné un coup de main en leur envoyant une dizaine de kalachnikovs.
La réalisatrice a indiqué que ce film est aussi un hommage aux membres de Umkhonto we Sizwe qui se sont battu pour leur pays, parce qu’il n’y avait pas de film qui leur était entièrement dédié jusque-là. « C’est important de rappeler aux jeunes africains que dans notre histoire, il y a eu des personnes qui nous ont précédés, qui ont tout donné pour la liberté de leurs pays ; qui ont tout donné parce qu’ils espéraient un monde différent, un monde meilleur », a-t-elle laissé entendre.
Des anciens « unsung heroes » laissés-pour-compte
De nos jours, des anciens combattants de Umkhonto we Sizwe vivent dans la pauvreté et sans soutien de la part de l’État Sud-africain, malgré le fait que Nelson Mandela ait eu à conquérir le pouvoir d’État à sa sortie de prison, après la cessation de l’apartheid. À ce propos, Oswalde Lewat a expliqué que lorsque les « unsung heroes » sont revenus au pays à la fin de l’apartheid, il leur a été proposé de rejoindre l’armée. Certains ont accepté et se sont majoritairement mutinés quelques mois plus tard. « Il faut savoir qu’ils sont allés très jeunes en Union Soviétique. Ils n’avaient pas du tout de formation académique. Quand ils sont revenus dans un pays qui s’était aussi construit sans eux, qui s’était beaucoup construit par la minorité blanche et par les Noirs qui sont restés, ils se sont retrouvés laissés pour compte. Pas tous bien sûr, mais la majorité est pauvre », a ajouté la réalisatrice.
En tout état de cause, Oswalde Lewat dit avoir conçu ce film afin d’interpeller les dirigeants et les peuples des États africains sur la nécessité de valoriser leurs héros. « On a besoin de modèles. L’Afrique a besoin de héros. On a besoin de modèles auxquels s’identifier. Tant qu’on ne comprendra pas que pour la fierté de nous-même, notre constitution identitaire, on a besoin de modèles comme ceux-là, je crains qu’on ait encore un chemin très long à faire », a conclu Oswalde Lewat tout en précisant que ce film lui a été inspiré par un réalisateur burkinabè qui a été ancien soldat de Umkhonto we Sizwe.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7