Nosy Guez, le diplomate burkinabè qui chante l’amour


Le diplomate et artiste Nosy Guez, à l’état civil Noufé Sié Rodriguez, a accordé une interview à Faso7 le jeudi 16 février 2023. Dans cet entretien, l’artiste est revenu sur sa carrière artistique, sa fonction de diplomate et le développement de la musique burkinabè.


Faso7 : En 2019, tu as sorti un maxi, comment se porte l’œuvre sur le marché ?
Nosy Guez : Effectivement, j’ai sorti le maxi « Pluie d’espoir » en 2019 et actuellement, je suis plus ou moins satisfait. Le maxi se comporte assez bien parce que grâce à ça, j’arrive à me faire de la visibilité. Par contre, il faut être réaliste, je n’ai pas atteint les objectifs que je me suis fixé. Il reste encore à faire, mais dans l’ensemble, je suis satisfait.
Faso7 : Avec un style raga, quelle est ta touche pour promouvoir les instruments venant de chez toi ?
Nosy Guez : J’évolue dans deux registres. Le premier, c’est le registre raga. Mais ma particularité, c’est que j’associe les instruments traditionnels de chez moi. C’est le balafon qui est l’instrument principal dans presque toutes mes chansons. Le balafon, la flûte et d’autres instruments du terroir. Là, ça rend le style assez particulier. Le deuxième registre, c’est le tradi-moderne. Je mise sur la musique traditionnelle lobi en laissant une petite ouverture à la musique moderne.
Faso7 : Le plus souvent dans tes chansons, on retrouve la thématique de l’amour. Qu’est ce qui explique cela ?
Nosy Guez : Vous savez, l’artiste s’inspire naturellement. C’est de façon naturelle que ça vient. Toute suite, si une inspiration me vient, ça va porter plus sur l’amour. Donc, je ne peux pas expliquer. Les autres thèmes, ça, c’est moi qui m’assieds, qui réfléchit et j’essaie de donner une orientation. Mais les thèmes d’amour viennent de façon naturelle. Ça ne veut pas dire que j’ai été victime de quoi que ce soit, mais c’est l’art. C’est l’art qui s’exprime et moi, je ne suis qu’un messager.
Faso7 : Comment s’est passé la collaboration avec Aly Verhutey et est-ce que tu es satisfait de cette collaboration ?
Nosy Guez : J’ai été très content de réaliser ce rêve d’enfance qui était de pouvoir faire un featuring avec lui. La collaboration a été faite dans de très bonnes conditions et j’apprécie vraiment l’humilité de l’homme qui a donné tout ce qu’il pouvait pour essayer, en tout cas, de m’accompagner dans cette nouvelle œuvre. Je suis content, je suis satisfait et j’espère qu’avec le clip en vue, ça va me donner une place. Je tiens à préciser également qu’il ne m’a pas demandé, ne serait-ce que 5 francs pour la collaboration. Ça a été gratuit en dehors des frais de studio que j’ai payé.
Faso7 : Selon toi, quel est le problème empêche la musique burkinabè de voyager ?
Nosy Guez : Je pense que les artistes burkinabè veulent faire comme les autres. Nous voulons forcément faire comme les autres pour leur ressembler alors que nous devions, à mon sens, essayer d’être assez originaux dans nos productions. L’autre problème est que les artistes burkinabè traversent des difficultés tant dans la production que la promotion. Et si vous remarquez, la plupart des artistes burkinabè sont des auto-producteurs. C’est une tâche assez difficile. Il y a un problème de visibilité, ça ne veut pas dire que les artistes burkinabè ne sont pas talentueux.
Faso7 : Qu’est-ce qui manque à ta carrière ?
Nosy Guez : Je pense qu’il manque beaucoup de choses à ma carrière. Je vais commencer par l’aspect équipe. Je suis auto-producteur, il me manque les moyens, surtout financiers puis humains. L’autre aspect également, c’est le fait que je sois fonctionnaire de l’Etat. Je ne dispose vraiment pas du temps.
Faso7 : Diplomate et artiste, est-ce que c’est facile de concilier ces deux activités ?
Nosy Guez : Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible. Vous êtes au bureau parfois, l’inspiration vous vient, vous prenez une feuille ou votre enregistreur numérique, vous voulez juste avoir le vent que vous allez déposer et puis après essayer de parfaire, tout de suite, on vous appelle pour un dossier urgent, puisque vous avez décidé d’être fonctionnaire. D’autre part, je dirai que le fait de ne pas pouvoir être tout le temps en studio, le fait de ne pas faire des répétitions ne serait-ce qu’en live avec des artistes musiciens, sont aussi des difficultés.
Propos recueillis par Basile SAMA et Michel ZOUNDI (Stagiaire)
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