Le PAIF PME 2023 : Le CPA, un tremplin pour les porteurs de projets innovants !


Le PAIF PME est un projet de l’Etat Burkinabè qui s’étale sur six (06) ans (2019-2025). C’est une initiative du gouvernement du Burkina Faso avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale. Son objectif de développement est l’accroissement de l’accès aux services financiers numériques et la facilitation de l’accès au crédit pour des bénéficiaires ciblés à savoir, les particuliers, les agriculteurs, les femmes, les jeunes et les MPME non desservis ou mal desservis financièrement. Il s’agit de façon spécifique d’inclure plus de personnes dans le secteur financier en encourageant l’utilisation des comptes de transaction simples pour recevoir et envoyer des paiements en provenance ou à destination du Gouvernement et pour effectuer des transactions avec les institutions de microfinance. Il s’agit aussi de soutenir des activités visant à renforcer les capacités institutionnelles et à assainir le secteur de la microfinance afin d’élargir la portée des services financiers. Ce qui aura marqué la vie du projet en 2022 est sans conteste le concours de plan d’affaires. Le Chargé de projet revient sur les réalisations du projet en 2022 dans cet entretien.
Au cours de l’année 2022, ce qui aura retenu l’attention du citoyen lambda dans la mise en œuvre des activités du PAIF PME, c’est bien le concours des plans d’affaire. Est-ce que vous pouvez nous revenir sur quelques points essentiels de cette compétions de 2022 ?


Je vous remercie pour votre question. Le concours des plans d’affaire s’inscrit dans la politique de développement du projet, notamment en matière de financement des Micro, petites et moyenne entreprises (MPME). Pour le financement des PME, faut-il le rappeler, le concours de plans d’affaires organisé par le Ministère, de l’Economie, des Finances et de la prospective à travers le PAIF-PME est d’une importance capitale aussi bien pour les bénéficiaires que pour le PAIF PME. Cette opportunité qui est donnée aux jeunes et aux femmes contribue au développement des solutions de technologie financières (fintech) et à l’amélioration de l’offre et la demande de crédits. Aussi, il convient de noter qu’en plus du volet financement des plans d’affaires, il est également prévu le renforcement des capacités des bénéficiaires que sont les PME, les femmes et les jeunes.
Pour revenir à votre question, il est bon de rappeler, pour une meilleure compréhension, les objectifs poursuivis par cette compétition avant d’aborder les autres aspects. Eh bien, comme objectifs, nous pouvons retenir que la compétition vise les cinq objectifs ci-après :
-Sélectionner 100 PME appartenant à des femmes et des jeunes dont au moins 10 dans les FinTech et 10 startups à fort potentiel ;
-Renforcer les capacités des 100 PME sélectionnées et les coacher pour l’amélioration de leurs plans d’affaires ;
-Subventionner 50 PME dont au moins 10%, soit 5 dans les FinTech et au moins 10%, soit 5 startups à fort potentiel de développement ;
-Obtenir au moins 80% de femmes bénéficiaires des appuis ;
-Accompagner les lauréats dans la phase de mise en œuvre de leurs projets.
D’accord, mais concrètement, comment la compétition s’est-elle déroulée ?
La compétition s’est déroulée en plusieurs phases : la phase d’appel à projet qui a été lancée sur la période du 24 novembre au 23 décembre 2021 et concernait les PME des treize (13) régions du Burkina Faso. Ensuite, il y a eu le processus de sélection qui elle aussi a connu plusieurs étapes dont une phase de présélection des plans d’affaires, une phase d’évaluation des plans d’affaires et une phase d’entretien avec les candidats.



Il faut accepter que la première édition du concours a tenu toutes ses promesses. L’engouement des jeunes et femmes porteurs de projets était tel qu’ils n’ont pas marchandé leur participation au concours : plus de 802 candidats ont pris part à cette compétition. Elle a permis de sélectionner trente-sept (37) promoteurs dont douze (12) bénéficient de subventions de financement pour la réalisation de leurs projets. Le montant total des subventions aux douze (12) PME retenues s’élève à environ 289 millions de F CFA. Quant aux vingt-cinq (25) autres promoteurs retenus, ils ont bénéficié d’appuis techniques afin d’améliorer leur plan d’affaires pour favoriser leur accès à des crédits bancaires.
Ce concours a vu son épilogue le 27 septembre 2022 à Ouagadougou, avec la cérémonie officielle de remise des prix sous la présidence de Monsieur le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective (MEFP) et la Co-présidence de Madame la Représentante résidente de la Banque Mondiale.
A date les premières tranches d’un montant de plus de cent quarante millions (140 000 000) FCFA ont été payés aux lauréats. Les secondes tranches seront versées en 2023 après une évaluation de l’utilisation des premières tranches conformément aux plans d’investissements. Ce sont là, quelques points que l’on peut retenir sur la compétition de plans d’affaires.
Est-ce qu’on peut s’attendre à une suite de l’opération les années à venir d’autant plus que le projet n’est pas fini ou disons clôturé surtout qu’il y a eu beaucoup d’engouement ?
Merci pour la question. Effectivement, le document de projet prévoit l’organisation de deux (2) éditions de la compétition des plans d’affaires. La deuxième édition est prévue pour l’année 2023, et nous sommes dans le feu des actions de préparation de cette deuxième édition dans l’espoir, bien entendu, de réduire autant que faire se peut, les retards enregistrés lors de cette première édition. Donc, je réponds par l’affirmative que non seulement il y aura une suite, mais dans les plus brefs délais.
L’année 2022 a été particulièrement difficile pour tous les acteurs au regard de la situation difficile que traverse le pays. Est-ce que cela vous a permis de mener d’autres activités en dehors de la compétition de plan d’affaire que nous venons d’évoquer tout à l’heure ?
Merci bien. Je suis tout à fait d’accord avec vous que l’ambiance générale qui a prévalu au plan national a également affecté la mise en œuvre des activités du PAIF-PME. Nous prions tous Dieu que la nouvelle année s’accompagne d’une paix durable pour permettre une bonne reprise et exécution des activités. Cela étant, nonobstant ce qui précède, des activités non moins importantes ont pu être conduites. Au titre des autres activités et résultats phares atteints par le PAIF-PME en 2022, il y a lieu de les considérer sous trois (3) angles.
« Les actions en faveur de la numérisation des paiements du gouvernement sont portées par les structures partenaires que sont la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), la Direction Générale des Douanes (DGD), la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ».
D’accord, les quels ?
Il y a premièrement, les actions du projet en faveur de la numérisation des paiements du gouvernement et celles en faveur de la transformation numérique du secteur de la microfinance :



Les actions en faveur de la numérisation des paiements du gouvernement sont portées par les structures partenaires que sont la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), la Direction Générale des Douanes (DGD), la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Sur ce point, on peut retenir trois (3) résultats essentiels : *des avancées significatives au niveau de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité Publique avec l’élaboration des cahiers de charges de la plateforme intégrée du Trésor.
Le prochain défi sera le lancement les DAO pour janvier 2023 ; *des avancées remarquables dans les activités de numérisation des paiements des pensionnées de la CARFO et de la CNSS avec les dossiers d’acquisition des solutions biométriques et d’infrastructure hyper convergée qui sont à l’étape de délibération et la contractualisation effective avec les opérateurs de téléphonie mobile ; *de nombreuses sessions de renforcement des capacités des acteurs de mise en œuvre sur le territoire national, au Sénégal, au Maroc, des missions d’échanges d’expérience auprès de l’institut de prévoyance sociale du Cameroun au profit des cadres de la CARFO et de la CNSS, des missions d’échanges d’expériences auprès du Trésor public de la République de Côte d’Ivoire au profit de cadre de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP).
Quant aux actions du projet en faveur de la transformation numérique des institutions de microfinance encore appelées Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), elles sont portées directement par l’Unité de Gestion du Projet. Ces actions visent à soutenir le secteur avec la mise en place d’un Système d’Information et de Gestion (SIG) mutualisé pour les Institutions de Microfinance et une firme chargée du diagnostic et de l’élaboration d’un cahier de charges afin de doter les Institutions de Microfinance (IMF) d’un SIG mutualisé a été recrutée. Aussi, pour soutenir ultérieurement le déploiement du projet de finance numérique par les Institutions de Microfinance, nous avons lancé un Appel à projet pour le recrutement de quatre (4) Services Financiers Décentralisés (SFD).
Oui considérons ça comme le premier angle. Le second angle sous lequel on doit considérer les résultats des activités de 2022 c’est le quel ?
On peut citer deuxièmement donc, en plus des actions en faveur de la numérisation des paiements du gouvernement et celles en faveur de la transformation numérique du secteur de la microfinance, une seconde catégorie d’actions en faveur du renforcement des capacités institutionnelles ainsi que l’éducation et la protection des consommateurs des services financiers.
« Ces modules sont conçus pour mener des campagnes d’éducation financière en utilisant les nouveaux canaux que nous offrent les réseaux sociaux, le digital à l’effet d’atteindre le maximum de gens possible. Cette nouvelle approche ou façon de faire, si je peux ainsi m’exprimer, vient compléter toutes les anciennes initiatives qui étaient ou sont en cours et se déroulaient ou se déroulent en présentiel. Les nouvelles méthodes d’approche préconisées des clients doivent constamment être adaptées à l’évolution de la technologie et du contexte pour une clientèle et des consommateurs en permanence demandeurs de services de qualité, accessibles et à prix abordables etc…»
Cette seconde catégorie d’activités est portée par trois (3) structures partenaires de mise en œuvre : la structure ministérielle en charge de la supervision et du contrôle des Systèmes Financiers Décentralisés (DSC-SFD), le Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF) et le Secrétariat Technique pour la Promotion de l’Inclusion Financière (ST-PIF), anciennement appelé Secrétariat Permanent pour la Promotion de l’Inclusion Financière (SP-PIF). En termes de résultats tangible on peut noter : *pour ce qui concerne le renforcement de la solidité et la pérennité du secteur de la microfinance, on note un bon niveau de réalisation des activités inscrites au PTBA par la DSC-SFD de 67%, l’acquisition d’un logiciel de traitement des informations financières et comptables performant, fonctionnel et le personnel entièrement formé à son utilisation, les notations de 41 SFDs sur 69 et 3 caisses de base par l’outil Camelli.
Ces actions pertinentes déroulées contribuent significativement au renforcement de la solidité et la pérennité du secteur de la microfinance ; *et, au titre de l’accompagnement du FAARF nous avons un niveau de réalisation des activités inscrites au PTBA de l’ordre de 52%, la mise en place d’un SIG performant. Cette dernière acticité, étant une activité phare du soutien du PAIF-PME au FAARF participe du renforcement des capacités du FAARF pour faciliter l’intégration de ses clients dans le système formel.
*Au titre des activités menées en 2022, pour améliorer la protection des consommateurs et l’éducation financière on note l’élaboration de modules d’éducation financières pour les étudiants et les élèves fonctionnaires et ceux pour les pensionnés de la CARFO et de la CNSS. Ces modules sont conçus pour mener des campagnes d’éducation financière en utilisant les nouveaux canaux que nous offrent les réseaux sociaux, le digital à l’effet d’atteindre le maximum de gens possible.
Cette nouvelle approche ou façon de faire, si je peux ainsi m’exprimer, vient compléter toutes les anciennes initiatives qui étaient ou sont en cours et se déroulaient ou se déroulent en présentiel. Les nouvelles méthodes d’approche préconisées des clients doivent constamment être adaptées à l’évolution de la technologie et du contexte pour une clientèle et des consommateurs en permanence demandeurs de services de qualité, accessibles et à prix abordables etc… *Enfin, on note la formation de 30 formateurs en éducation financière prenant en compte la finance digitale au profit du personnel du ST-PIF, la formation de sept (7) cadres sur l’audit financier et comptable des SFD au Maroc au profit de la DSC-SFD.
La troisième catégorie de résultats maintenant ?
Pour le troisièmement point, il y a les actions menées par le projet pour apporter sa contribution pour accroître l’accès au crédit pour le secteur agricole et les PME et renforcer le développement des Petites et Moyennes Entreprises. Ces actions sont respectivement portées par la Société Financière de garantie interbancaire du Burkina Faso (SOFIGIB) et l’Unité de Gestion du Projet. Pour les actions menées par le projet pour contribuer à accroître l’accès au crédit pour le secteur agricole et les PME, l’Etat a signé une convention de fiducie-gestion avec la SOFIGIB mettant en place une garantie partielle de portefeuille de crédit.
Les résultats obtenus grâce à cette garantie partielle de portefeuille de crédit sont très encourageants et dénotent de la justesse de la décision prise par le Gouvernement d’accompagner le secteur privé et singulièrement les PMEs avec ce nouvel instrument de financement. En effet, au titre des très bons résultats obtenus, on peut retenir : *la garantie partielle de portefeuille a permis à 6140 emprunteurs de bénéficier d’un encours de crédit garanti de 75.1 millions de dollars US soit environ 41 milliards de FCFA ; *un engouement des institutions financières participantes à ce nouvel instrument de financement : on compte à ce jour sept (7) institutions financières participantes (5 banques et 2 SFD).
Ces PME (6140) n’auraient pas pu bénéficier de ces appuis financiers importants s’il n’y avait pas eu cet instrument mis en place par le gouvernement. Le volume des ressources mises à la disposition traduit la qualité et la pertinence de cet instrument qui n’a pas fini de produire ses effets.
Enfin, comme je l’évoquais tout à l’heure, les actions liées au renforcement du développement des Petites et Moyennes Entreprises sont portées directement par l’Unité de Gestion du Projet. Elles couvrent divers domaines et on peut retenir à ce niveau les résultats suivants : *100 femmes du FAARF de la région de la Boucle du Mouhoun ont été formées sur les itinéraires techniques de production, transformation et commercialisation du riz; *100 femmes de la région du centre ouest et Sud -Ouest ont été formées sur les bonnes pratiques de transformation en agroalimentaires ; *100 femmes du FAARF de la région de la Boucle du Mouhoun ont été formées sur le management d’entreprises et relations bancaires ; *200 PME des régions du Nord et Cascade ont été formées sur les meilleures pratiques agricoles (Céréales). Tels sont les quelques résultats atteints sur ce dernier volet de votre question.
2022 est fini, 2023 est déjà installé ? Quels sont les défis du projet au pour l’année 2023 ?
Ils sont nombreux et tributaires de beaucoup de choses dont nous avons un peu évoquées plus haut : *la sérénité, la paix, le calme tant souhaitée par le pays qui traverse une période difficile actuellement : c’est tout le mal que nous souhaitons à notre pays que nous aimons tous ; *l’organisation de la deuxième édition du concours des plans d’affaires ;* les événements de janvier et septembre 2022 ont beaucoup mis à mal le déroulement de deux activités majeures liées à la création de l’observatoire de la qualité des services financiers, le Comité national de la microfinance.



Ces deux activités majeures et conditionnent la mise en œuvre d’autres qui malheureusement n’ont pu être menées en 2022.
Nous fondons l’espoir qu’avec l’accompagnement des autorités du Ministère de l’Economie des Finances et de la Prospectives, une solution rapide pourra être trouvée à l’effet de diligenter leur mise en œuvre. *Les activités pour lesquelles les cahiers de charges sont déjà disponibilisés connaîtront sans nul doute une accélération de la mise en œuvre dans un contexte apaisé, tant souhaité ; *une accélération de la formation en éducation financière par le digital en faveurs des étudiants et des pensionnées de la CARFO et de la CNSS ; *la revue à mi-parcours du projet qui est à sa troisième année de mise en œuvre sur les six (6) ans prévus.
Votre dernier mot ?
C’est de dire un grand merci au quotidien Le Pays pour nous avoir accordé cette opportunité de faire un petit point des activités du PAIF-PME au cours de l’année 2022 à travers ses colonnes malgré le contexte combien difficile du pays. C’est également dire merci à tous nos partenaires de mise en œuvre qui s’emploient chaque jour d’avantage pour nous accompagner dans la mise en œuvre du projet, dire merci également à notre principal partenaire financier, la Banque mondiale pour l’accompagnement technique et financier. C’est enfin, profiter de l’occasion pour souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2023.
Correspondance particulière