« Les coups d’État fragilisent l’appareil sécuritaire » (Pr Abdoul Karim Saidou)

Une conférence publique a été animée ce mercredi 14 décembre 2022 à Ouagadougou, sur le dialogue démocratique. Initiée par le consortium DiakoniaCGDNDI et Pax, cette conférence avait pour thème « Coopération entre le Burkina Faso et ses partenaires dans les domaines de la défense et de la sécurité ».

La « coopération entre le Burkina Faso et ses partenaires dans les domaines de la défense et de la sécurité » est une préoccupation pour le consortium DiakoniaCGDNDI et Pax. C’est pourquoi une conférence a été organisée ce mercredi 14 décembre 2022.

Pr Aldoul Karim Saidou est le premier panéliste qui s’est entretenu avec les participants sur « l’état des lieux de la gouvernance du secteur de la sécurité au Burkina Faso ». En effet, il a donné des réponses à la question aux transformations qui ont affecté le secteur de la sécurité ces dernières années.

« On constate que la stratégie sécuritaire change d’un régime à un autre » (Pr Abdoul Karim Saidou, Enseignant chercheur)

De son avis, le secteur de la sécurité est un secteur en pleine mutation. « Il y a un  processus de démonopolisation de la sécurité  qu’on a observé depuis le début des années 90. La sécurité n’est plus l’apanage de ceux qui ont le monopole de la sécurité », a-t-il affirmé.

Le Pr Aldoul Karim Saidou a aussi informé que les VDP sont un exemple de démonopolisation même si ce n’est pas à un niveau stratégique ainsi que le processus de l’aspect de la police de proximité.

« L’approche sécurité humaine a permis de faire en sorte que le citoyen soit le coproducteur de sécurité. Avec le forum sur la sécurité, il y a eu l’introduction du concept de sécurité nationale qui prend en compte les dimensions politiques de la sécurité », a-t-il déclaré.

Dans la suite de sa présentation, il a noté que le secteur de la sécurité est un secteur en crise à cause de l’instabilité politique et le déficit de transparence.

S’agissant de l’instabilité politique, il se pose un problème de cohérence entre la gouvernance et le secteur de la sécurité depuis 2016, selon le panéliste. Dans la mise en œuvre des politiques de sécurité notamment les politiques de lutte contre le terrorisme de Roch Kaboré au capitaine Ibrahim Traoré, on constate que chaque dirigeant vient avec une approche spécifique, à l’en croire.

« On constate que la stratégie sécuritaire change d’un régime à un autre. Le président Kaboré avait lancé un processus de réformateur qui a abouti à l’élaboration de la politique de sécurité nationale. (…) Avec le départ de Roch Kaboré et l’arrivée de la transition du MPSR, on a eu d’autres approches qui mettaient plutôt l’accent sur le dialogue et la réconciliation. C’est une autre approche basée sur la guerre populaire et c’est extrêmement important qu’il ait une continuité parce que depuis le forum national sur la sécurité de 2017, il y a eu un ensemble de politiques qui ont été élaborés, notamment la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et la stratégie de sécurité nationale. Qu’en est-il des initiatives lancées sous Damiba ? »a-t-il interrogé.

Pour le Pr Aldoul Karim Saidou, il convient de suivre cette politique de sécurité nationale. « Elle constitue un tournant majeur dans la façon d’appréhender la sécurité au Burkina Faso, puisque c’est une politique qui tient compte de toutes les dimensions de la sécurité qui est basée sur la sécurité humaine, qui prend en compte la dimension sécuritaire, la dimension politique, la dimension alimentaire et tout ce qui est lié au développement humain », a-t-il expliqué.

Cette conférence a réuni une centaine de personnes.

Qu’en est-il de la police de proximité ? Sur ce point, le Pr Abdoul Karim Saidou a informé qu’il y a une réforme en 2016 qui consistait à ce que les groupes d’autodéfense puissent s’inscrire dans le cadre législatif et il était question d’avoir des politiques communales de sécurité qui étaient un cadre d’implication de la population dans la définition des questions de sécurité alors que les VDP sont gérés par le ministère chargé de la défense.

« On ne voit pas de synergie entre la police de proximité et les VDP. Il y a même une incohérence, un écart entre les décisions publiques et les politiques publiques. L’impression que l’on a, c’est que les gouvernants font leur propre analyse sans s’appuyer sur les politiques publiques », a-t-il jugé.

Le Pr Aldoul Karim Saidou a laissé entendre que « les coups d’État fragilisent l’appareil sécuritaire » de façon générale à travers ses conséquences sur la cohésion des forces de défense et de sécurité.

Sur la question du déficit de transparence dans le financement de l’armée, il a ajouté qu’il y a des soupçons de corruption. « Si on veut mobiliser la population pour soutenir les FDS et qu’en même temps le secteur de la sécurité est gangrené par la corruption ça pose un discrédit sur ce secteur et sur l’Etat de façon générale », a-t-il laissé entendre.

Il y a aussi un déficit de transparence au niveau des accords de coopération internationale et un déficit de transparence avec les deniers qui ont été affectés dans le domaine de la sécurité, selon lui.

En termes de perspectives, le panéliste a proposé des solutions. Il s’agit entre autres de la nécessité de clarifier les rôles des différents acteurs.

De l’avis du Pr Aldoul Karim Saidou, il faut un consensus général sur la politique de sécurité, la nécessité de former les civils sur les questions de sécurité et le renforcement de suivi citoyen de politique publique.

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