Sécurité alimentaire : Save the Children dévoile ses actions au profit des enfants déplacés de Kaya

Frappé par une crise sécuritaire depuis huit ans, le Burkina Faso fait également face à une situation humanitaire de plus en plus difficile à contenir. Le pays compte deux millions de réfugiés communément appelés Personnes déplacées internes (PDI). La majorité de ces PDI sont des enfants. Fidèle à son sacerdoce, celui de lutter pour les droits les plus fondamentaux des enfants, l’organisation non gouvernementale Save the Children ne s’est pas faite prier pour porter une assistance aux enfants déplacés. C’est dans ce sens qu’elle a mis en place le projet « Alimentation du nourrisson et du jeune enfant en situation d’urgence (ANJE-U) » dans la région du Centre-nord, financé par l’UNICEF. L’objectif fondamental est de contribuer au bien-être des enfants en luttant contre la malnutrition. Afin de dévoiler les actions menées dans le cadre du projet, une équipe de journalistes a effectué les 1er et 2 décembre 2022, une visite sur un site de Personnes déplacées internes bénéficiaires du projet.

Les bénéficiaires du projet « Alimentation du nourrisson et du jeune enfant en situation d’urgence (ANJE-U) » de Save the Children sont les femmes allaitantes de 0 à 23 mois, les femmes allaitantes de 0 à 6 mois et les femmes enceintes. Pour la mise en œuvre pratique du projet, l’organisation a fait recours à des animateurs qui sont en principe des acteurs locaux de santé, notamment des Agents de santé à base communautaires. Ces animateurs de Save the Children ont créé des Groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (GASPA). Chaque GASPA regroupe quinze personnes et correspond à une catégorie bien déterminée de bénéficiaires du projet. A la tête de chaque GASPA se trouve une femme. Cette dernière est appelée « maman leader ».

Huit (08) causeries sont organisées par mois par les animateurs de ANJE-U ©Faso7

Sur le site des déplacés internes de Tensenga Wayalgin à moins de 10 km du centre-ville de Kaya, plus de 3 000 personnes sont accompagnées par le projet ANJE-U. Ces bénéficiaires sont composés de 40 GASPA de femmes enceintes, 70 GASPA de femmes allaitantes de 0 à 6 mois et de 101 GASPA de femmes allaitantes de 0 à 23 mois.

Distribution de poudres de micronutriments par les animateurs de Save the Children. Les micronutriments sont des vitamines destinées aux enfants non encore malnutris, à partir de l’âge de 6 mois. -©Faso7

A Tensenga Wayalgin, on rencontre des cas de Malnutrition aigüe modérée (MAM) et des cas de Malnutrition aigüe sévère (MAS). L’assistance apportée par Save the Children consiste à effectuer des causeries, huit mensuellement, avec les groupes de bénéficiaires. Les messages sont véhiculés en fonction de chaque catégorie de bénéficiaires. A en croire Oumarou Birba, l’un des animateurs du projet, lors des causeries, lorsqu’ils ont affaire à une femme allaitante de 0 à 23 mois, ils lui donnent des conseils non seulement en lien avec l’hygiène, mais aussi en lien avec la préparation de la bouillie enrichie offerte dans le cadre du projet. Il s’agit d’une bouillie faite à base de petit mil, de haricot et d’arachide.

Save the Children nous aide beaucoup avec des conseils

Lorsqu’il s’agit d’une femme allaitante de 0 à 6 mois, les conseils qu’elle reçoit lors des causeries avec les animateurs, concernent l’hygiène des mains et des mamelons, les bienfaits de l’allaitement inclusif et les attitudes à avoir en cas de diarrhée de l’enfant. En ce qui concerne les femmes enceintes, elles reçoivent des conseils pour le bon déroulement de leur grossesse. Il s’agit du bienfait des pesées, des soins prénataux et de la planification familiale.

Deux membres d’un GASPA lors d’une causerie animée par un animateur de Save the Chidren -©Faso7

Le projet ANJE-U est très bien accueilli par les femmes de la localité. Pour elles, grâce à l’intervention de Save the Children, elles ont appris beaucoup de choses pour le bien-être de leurs enfants. « On ne savait pas qu’une femme enceinte doit faire huit pesés. Mais avec la sensibilisation, on a su que si on arrive à le faire, on se porterait en bonne santé ainsi que l’enfant qu’on a dans le ventre. On nous a fait savoir aussi que si on est malade, on doit se rendre à l’hôpital pour bénéficier des soins. En tout cas, Save the Children nous aide beaucoup avec des conseils », confie Rasmata (Nom d’emprunt).

« Mon enfant (une fille) souffrait de la malnutrition, mais je ne le savais pas. Grâce à la sensibilisation de Save the Children, je l’ai su. On m’a référée à l’hôpital. Depuis que mon enfant a été prise en charge, et qu’elle consomme la bouillie enrichie, elle se porte bien. Elle n’est plus malnutrie. Avec les animations qu’on fait chaque mois, j’ai eu des connaissances sur la nutrition et beaucoup d’autres choses comme l’hygiène », renchérie Fanta (Nom d’emprunt).

L’aide financière en plus de l’aide nutritionnelle

Au-delà de l’accompagnement nutritionnel, Save the Children, dans le cadre de ANJE-U, apporte une assistance financière à certaines femmes. Il s’agit de cash transfert d’un montant de 63 000 F CFA envoyés en trois phases pendant la période de soudure (habituellement de juin à septembre, ndlr). 1 700 femmes en ont bénéficié dans les communes de Kaya, de Mané et de Kongounsi. Pour en bénéficier, les femmes doivent être non seulement des GASPA, mais aussi des veuves ou mères de jumeaux ou fille mère de 18 ans, selon Maimouna Ouédraogo, superviseure en santé-nutrition dans le cadre du projet.

Ruth a pu acheter des animaux pour se lancer dans l’élevage grâce au cash transfert de Save the Children -©Faso7

Ruth (Nom d’emprunt) ayant bénéficié du cash transfert, a pu s’acheter des moutons pour se lancer dans l’élevage. Mère d’un enfant de moins de 6 mois, elle dit avoir pour ambition de créer une activité génératrice de revenus grâce à ces animaux afin de ne plus dépendre des aides.

Même si les femmes du site de Tensenga Wayalgin apprécient grandement le projet ANJE-U, elles souhaitent également que son intervention soit plus étendue. « Ce qui nous manque, c’est le savon. Nous n’avons pas de savon. C’est la cendre que nous utilisons pour laver nos mains. On nous donne de la farine pour qu’on fasse de la bouillie pour nos enfants. Mais on souffre quand on veut préparer la bouillie, car on n’a pas de bois, on n’a pas d’ustensile de cuisine. On n’a pas aussi d’habits de rechange », s’exprime Rahinata (Nom d’emprunt).

Des difficultés et des craintes…

Pour les acteurs de mise en œuvre du projet, notamment les animateurs, les préoccupations soulevées par les femmes sont compréhensibles. Ayant la plupart quitté leurs localités d’origine sans pouvoir rien apporter du fait de la menace terroriste, ces femmes manquent presque de tout.

Les femmes du site de Tensenga Wayalgin disent être très inquiète de la situation sécuritaire -©Faso7

« La première difficulté que nous avons, c’est le matériel pour la préparation de la bouillie enrichie », confie l’animateur Oumarou Birba. Confronté au problème du nombre des personnes déplacées internes qui ne fait qu’accroître sur le site, le projet ne peut agir qu’à la limite de ses moyens, a ajouté l’animateur.

Le site de Tensenga Wayalgin est à 2 km du dernier village qui n’est pas encore occupé par les groupes armés terroristes. Pour plusieurs de ces femmes, l’une de leurs plus grandes craintes est de se voir un jour obliger à nouveau de quitter leurs maisons et ce qui leur reste comme bien. Cette crainte, elles disent faire l’effort de la dominer car ne savant plus où aller.

Lire aussi▶ Alif Naaba, Safiath et Vieux Farka Touré, porte-voix de plus de 700 000 enfants déscolarisés à travers le projet « Je veux retourner à l’école » de Save the Children

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page