Région du Sahel : Les transferts d’argent aux PDI arrêtés pour préserver la cohésion sociale


Dans une interview accordée à nos confrères de Sidwaya, le Lieutenant-colonel Fabien Rodolphe Sorgho, gouverneur de la région du Sahel a donné des éclaircissements sur la correspondance qu’il a adressé aux responsables des agences du système des Nations unies, ONG, projets et programmes intervenant dans la région du Sahel, leur demandant d’arrêter toutes les modalités de distribution de cash. L’interview a été publiée le 1er décembre 2022.
Lors de l’interview, le gouverneur de la région du Sahel a fait comprendre que cette décision a été motivée par le fait que son Gouvernorat a enregistré plusieurs plaintes des populations hôtes et de certaines Personnes déplacées internes (PDI), liées aux méfaits de la distribution du cash qui met à mal la cohésion sociale et le vivre-ensemble.


De ce qui précède, le Gouverneur de la région du Sahel a fait cas des méfaits de la distribution du cash en faisant savoir d’abord que les populations hôtes estiment qu’elles sont devenues plus vulnérables que les PDI dans la mesure où c’est une partie de leurs champs qui est attribuée aux déplacés. D’après ses précisons, alors qu’au sein des populations hôtes, il existe des personnes vulnérables qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, les PDI reçoivent du cash et des vivres.
« Lorsque les PDI reçoivent leur argent, elles se retrouvent chez les mêmes commerçants pour les achats tandis que les populations hôtes négocient les prix, les PDI viennent et achètent à tour de bras parce qu’elles sont nanties du fait de la distribution du cash », a expliqué le gouverneur, selon Sidwaya.
Ces acteurs humanitaires qui marchandent les inscriptions…
L’autre raison également par le gouverneur est le fait que certaines PDI passent deux à trois ans sans être enrôlées pendant que d’autres sont enrôlées et bénéficient du cash.
« Lorsque nous avons approché les responsables des agences du Système des Nations unies, ils nous ont fait comprendre que ce sont des programmes d’urgence. On ne peut pas être en urgence pendant deux ou trois ans. Si ce sont vraiment des programmes d’urgence, ils doivent s’arrêter peut-être au bout de trois mois durant lesquels les bénéficiaires auront de quoi à faire pour se stabiliser », a opiné le Lieutenant-colonel Fabien Rodolphe Sorgho.
Des PDI qui refusent de travailler…
En plus, le Gouverneur a également évoqué des cas de certains hommes qui inscrivent leurs épouses alors que ce sont eux qui détiennent le téléphone portable où se fait le transfert. Aussi, certains acteurs humanitaires marchandent les inscriptions sur la liste des bénéficiaires de sorte à prendre un pourcentage sur l’argent reçu. Il y a également des femmes qui reçoivent l’argent, mais qui sont obligées de le remettre à leurs époux au risque de se faire répudier. L’autre problème qu’engendre la distribution des cash selon le gouverneur, est le fait que des bénéficiaires reçoivent de l’argent de la part de plusieurs structures pendant que d’autres PDI ne reçoivent rien.
« Pour ce que je sais, tout dépend du budget et de l’envergure du projet. Il y a des structures qui donnent 35 000 F CFA, 60 000 F CFA, 100 000 F CFA ou 200 000 F CFA, et ce, par mois, tous les deux mois, par trimestre ou de façon semestrielle. Les bénéficiaires sont à la fois des PDI, des populations hôtes vulnérables et des réfugiés. Quand on propose du travail à certaines PDI, elles refusent pour la simple raison qu’elles reçoivent 60 000 CFA sans fournir des efforts. Personnellement, j’ai vécu des situations de ce genre. Tôt ou tard, cette distribution de cash prendra fin. Comment allons-nous gérer nos populations à qui nous avons habitué à avoir de l’argent sans effort ? Pour éviter de faire face à une situation intenable dans le futur, nous avons préféré prendre le taureau par les cornes dès maintenant », a laissé entendre Lieutenant-colonel Fabien Rodolphe Sorgho, toujours selon Sidwaya.
Faso7