[Tribune] « Sentiment anti français au sahel et au Burkina ou expression de fuite de responsabilité » (Paul Ragnagnewende Zongo)

Ceci est une tribune de Paul Ragnagnewende Zongo, Chargé de communication à l’Institut Supérieur de Technologies (IST) et Président des Rencontres Citoyennes Burkina Faso.

Depuis un certain temps, le sahel notamment une partie de sa jeunesse désavoue la france, d’autres la politique française en Afrique. elle indexe l’occident de l’avoir pillé et continue de l’asservir en orchestrant terrorisme et guerres asymétriques.

Plusieurs de ceux qui mènent cette lutte ne s’attardent pas sur la part de responsabilité de ses dirigeants. Alors que le sahel possède les moyens nécessaires pour se développer, s’occuper de sa défense et de sa sécurité en s’appuyant sur ces ressources, son histoire et en améliorant sa gouvernance politique, les accusations systématiques de son retard viennent attribuer à l’occident notamment à la France s’accentuent. Allons-nous aussi accuser la science, la technologie, la gouvernance vertueuse de nous avoir abandonné ?

La majeure partie des grandes mobilisations de la jeunesse, souvent instrumentalisée n’aboutissent pas à de grands changements. Dans d’autres contextes, ils soutiennent ou se rebellent pour ou contre des politiques. la nouvelle trouvaille est la mobilisation contre l’occident en désignant certains chefs d’états comme des valets locaux au service de l’impérialisme.

Pendant ce temps, nous avons :

– un système éducatif défaillant, complètement improductif ;

– une gouvernance polluée et tachée de corruption ;

– des secteurs fondamentaux de développement en occurrence, l’agriculture et l’élevage piétinés ;

– un endettement chronique pour des infrastructures déficientes ;

– une classe de pseudo intellectuels patriotes qui en réalité attendent désespérément leur tour pour se sucrer convenablement ;

– une jeunesse abandonnée, mal formée qui n’a que le chômage comme fidèle compagnon ;

– une classe politique vicieuse qui jouit d’une expertise en détournement de deniers publics ;

– des médiocres qui volent la tunique de l’intelligence pour berner la masse et accéder à la magistrature suprême.

Et ces problèmes nous les vivons depuis plusieurs décennies !

S’il faut encore imputer tout ceci à l’occident, on ne va pas s’en sortir. Il est fréquent d’entendre que c’est la France qui installe ou déstabilise certains présidents africains. oui, nous avons des exemples concrets qui impliquent la France dans des déstabilisations ou dans des assassinats. Mais elle s’est toujours appuyée sur des forces politiques intérieures qui manipulent la masse. Et il n’y a pas que la France sur ce ring.

Mais pendant que les occidentaux manœuvrent pour les intérêts des occidentaux, pour rassurer chacun son territoire géopolitique stratégique, les présidents africains eux, hypothèquent l’avenir de leurs peuples pour s’offrir à eux, leurs familles et leurs clans, des palaces à l’étranger, des heureux jours qui se traduisent en des fins abominables.

L’heure est venue pour nous de se dresser contre nous-mêmes ! Aucun pays ne sabote notre avenir mieux que ces hommes politiques affairistes corrompus que nous avons en toute conscience voté, conscience souvent troquée avec des billets de banque.

Pendant que nous devons volontairement accepter être les sentinelles de la bonne gouvernance, nous courrons derrière des intérêts personnels.

Il faut revoir notre système éducatif. On en parle depuis plusieurs années mais rien n’est fait. Nous apprenons la servitude, à comment tendre la main et à comment fuir ses responsabilités. Aujourd’hui, le Burkina faso est à la traîne sur presque tous les plans. Et cela, un sentiment anti français n’y peut rien.

Paul Ragnagnewende Zongo

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