Pénurie de carburant au Burkina Faso : Le gouvernement pointe du doigt certains individus « en quête de rentabilité extrême »


Le gouvernement burkinabè s’est prononcé ce 20 avril 2022 sur la pénurie de carburant qui a frappé Ouagadougou ce 19 avril 2022. L’exécutif pointe du doigt certains individus s’adonnant à des pratiques spéculatives.
A l’issue du conseil des ministres du 20 avril 2022, le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo et le ministre en charge du commerce Abdoulaye Tall ont réagi à la rumeur sur la pénurie de carburant qui a entrainé bousculade et ruée vers les stations d’essence.


Le gouvernement a d’abord assuré, une fois de plus, qu’il y a du carburant à revendre dans les dépôts de la SONABHY. « (…) Les dépôts sont suffisants pour faire face à la demande nationale et c’est le rôle du gouvernement de veiller à ce que le pays soit approvisionné. Et nous entendons l’assumer. (…) Nous sommes suffisamment responsables pour dire ce qu’il y a au peuple burkinabè. On n’a pas besoin de cacher », a à plusieurs reprises insisté le ministre Abdoulaye Tall.
Ensuite, les membres de l’exécutif se sont attachés à éplucher les probables causes de cette vraie-fausse pénurie de carburant. La psychose et la désinformation sont citées premières au banc des accusés. « Si on revient à la psychose, ça part des rumeurs sur Facebook, (…) les informations ont été partagées et relayées et ça a mis tout le pays en branle-bas. Ça aussi, c’est notre responsabilité à tous d’aller à la source, de chercher à confirmer l’information avant de la partager », a interpellé le ministre du commerce.
« On a la malchance d’être dans une situation où les citoyens ne croient pas beaucoup à la parole de leurs dirigeants.
Malgré les assurances et les réassurances, il y a une sorte de psychose qui entraine des demandes massives de carburant, y compris dans des bidons et dans d’autres ustensiles. Ce qui a l’inconvénient de vider les réservoirs de ces stations d’essence et de créer cette pénurie qui était du reste, redoutée.
Malheureusement, c’est ce qui s’est passé et on s’est retrouvé dans une situation où les stations étaient pleines, les files longues et la spéculation aidant, les prix sont montés à des endroits de vente non autorisés »
Abdoulaye Tall
L’autre coupable nommé est la spéculation et les pratiques auxquelles se livrent certains Burkinabè. Malgré l’interdiction de la vente du carburant dans certains contenants, des citoyens ont recueilli le précieux liquide pour le revendre à des prix plus élevés, a déploré le ministre Bilgo. Il a ouvert une parenthèse pour citer aussi ces Burkinabè qui stockent les denrées alimentaires, en attendant une inflation pour les revendre au prix fort.
Mais un autre phénomène a été soulevé par les deux membres du gouvernement. Il s’agit d’une exportation illégale du diesel burkinabè vers un autre pays où le prix de ce carburant coûte plus cher. La différence de prix est de 321 FCFA, a révélé le ministre Tall. « Le prix du carburant dans un pays voisin est supérieur au prix du Burkina Faso de (plus de) 300 FCFA. Il y a des camionneurs qui vont réexporter le carburant qui était destiné à alimenter les citernes burkinabè vers ces pays pour le vendre à un prix plus coûtant », a détaillé le porte-parole du gouvernement.
« C’est une exportation illégale de notre subvention. Ceci contribue à assécher nos réservoirs et à aggraver l’effort que fait le gouvernement pour rendre le carburant disponible (…) », a ajouté Abdoulaye Tall.
« Nous comptons sur la vigilance de nos concitoyens pour ne pas permettre qu’une minorité de Burkinabè les mette dans des difficultés de vivre alors que les prix sont officiellement connus, alors que les réserves en hydrocarbures au Burkina Faso sont suffisantes pour couvrir l’ensemble du territoire »
Lionel Bilgo
Le ministre du commerce a assuré qu’une coordination est en cours avec les différents départements concernés pour appréhender les auteurs de ce trafic. Les ministères concernés sont aussi interpellés pour traquer ces types de pratiques dans tous les secteurs. Mais en attendant, le gouvernement mise surtout sur la vigilance et la citoyenneté de l’ensemble des Burkinabè. « La construction de notre Etat est de notre responsabilité », a soulevé le ministre Tall.
« Le Burkina est en face de beaucoup de défis. Il ne faut pas que l’acte isolé de certains individus en quête d’argent ou en quête de rentabilité extrême mette encore d’autres Burkinabè dans des situations compliquées. (…) Nous devons faire ensemble bloc contre ces spéculateurs », a pour sa part ajouté Lionel Bilgo.
Faso7