Insécurité à Pama : «Nous attendons encore l’intervention» (Bassirou Badjo)

Bassirou Badjo, membre de la Coalition des ressortissants de la province de la Kompienga (CRPK) s’est prêté aux questions de Faso7 ce mercredi 23 mars 2022. Les questions ont porté essentiellement sur la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province de la Kompienga, située dans la Région de l’Est du Burkina Faso.

Faso7 : Quelle est la situation aujourd’hui au niveau de la province de la Kompienga ?

Bassirou Badjo : Nous avons déjà dépeint la situation dans la conférence de presse du 13 mars 2022. Plus d’une semaine après, la situation n’a véritablement pas changé. On peut même dire que les choses se compliquent. L’embargo imposé par les Hommes armés sur la ville de Pama est toujours en vigueur.

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Difficile de sortir et de rentrer à Pama sans risque de se faire enlever, tuer ou violer. Les réseaux de communication sont toujours inaccessibles du fait des terroristes qui ont saboté les lignes. La ville de Pama est dans l’obscurité avec pour conséquence la pénurie d’eau. L’ONEA (Ndlr, Office national de l’eau et de l’Assainissement) qui fonctionnait avec l’électricité est obligé de se rabattre sur le gasoil qui est difficile à avoir parce que rien ne sort, rien ne rentre.

Les Hommes armés sont toujours présents et menacent les populations de quitter. C’est l’exemple du déplacement massif des populations de Onadembou vers la ville de Kompienga après le passage des Hommes armés qui ont sommé les populations à déguerpir.

Faso7 : En début de mois de mars, vous avez organisé une conférence de presse pour interpeller les autorités sur l’aggravation de la situation. Depuis lors, est-ce que des actions ont été menées ?

Bassirou Badjo : Depuis la tenue de notre conférence de presse où nous avons interpelé l’autorité sur la dégradation de la situation sécuritaire, nos populations attendent encore et encore. Pour dire que rien n’a été posé comme action à ce jour dans la Kompienga.

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Faso7 : Est-ce que l’eau, le courant et les réseaux téléphoniques ont été rétablis après les actes de sabotage des terroristes ?

Bassirou Badjo : Rien de tout ça n’a été rétabli. La province de Kompienga est déconnectée du reste du Burkina Faso. Les trois réseaux mobiles sont indisponibles dans la zone. Quelques-uns seulement arrivent à communiquer via le réseau togolais « TOGOCEL ». Si à Kompienga, l’électricité n’a pas été impactée du fait de la présence de la centrale électrique, la ville de Pama est toujours dans le noir. Quand on sait l’importance de l’électricité pour les activités domestiques et économiques, les conséquences se dégagent clairement. L’eau est devenue une denrée rare.

Faso7 : Avez-vous les chiffres des personnes déplacées internes (PDI) qui sont à Pama ?

Bassirou Badjo : Voilà une question difficile à répondre. Outre les dernières données en date de Janvier 2022 publiées par le SP/CONASUR, il est difficile d’avoir les données actuelles concernant les PDI parce que le recensement débuté par les agents de l’action sociale a été interrompu du fait de l’insécurité. D’ailleurs, la Direction provinciale a fermé ses portes.

Faso7 : L’armée a annoncé avoir neutralisé une quarantaine de terroristes dans la Région de l’Est, est-ce que vous estimez que votre interpellation a été entendue ?

Bassirou Badjo : L’interpellation peut être entendue. Mais comme je l’ai déjà dit, nous attendons encore l’intervention. Pour le moment, les populations de la Kompienga ne voient pas d’intervention et tout est comme avant.

Faso7 : Vous avez lancé une collecte pour aider les populations de la province. Comment s’organise cette collecte ?

Bassirou Badjo : Nous avons mis en place une chaîne de solidarité pour aider les populations de la province. La collecte des fonds et matériels s’étale jusqu’au 31 mars 2022. Trois personnes ont été désignées pour récolter les contributions. Les dons en nature peuvent être faits chez sa majesté FIMBA, le roi de Pama à la zone 1 et chez Roger ONADJA, une personne ressource à Nonsin. Pour tout autre besoin, la coalition reste disponible.

Faso7 : Qui peut contribuer ?

Bassirou Badjo : Tout le monde peut contribuer. La solidarité n’a pas de frontière. Et c’est une manière de participer à la lutte contre le phénomène. Donc, nous attendons les dons de tout le monde, Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur, les amis du Burkina, tout le monde.

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Propos recueillis par Amadou ZEBA

Faso7

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