Réformes scolaires au Burkina Faso : Course-poursuite entre élèves et policiers à Ouagadougou


Les élèves ont encore manifesté ce lundi 3 mai 2021 à Ouagadougou pour protester contre les réformes scolaires entreprises par le ministère de l’éducation nationale dans le cadre de l’organisation des examens et concours scolaires. La manifestation qui se voulait pacifique s’est vite transformée en trouble entre les élèves et les forces de l’ordre, lorsque ces dernières se sont opposées à ce que les élèves marchent jusqu’à leur ministère de tutelle.
Tout est parti d’une marche d’élèves qui, dans le cadre d’une grève de 72 heures, comptaient se rendre « pacifiquement » au ministère de l’Education National pour manifester contre les reformes scolaires, aux environs de 7 heures du matin. Dans leur avancée vers leur ministère de tutelle, les élèves ont été stoppés par la police.


« Nous, on a négocié, on était fatigué, on a dit si c’est ça, on va avancer les mains en l’air pour continuer. Quand on est arrivé, ils nous ont barré la route, donc on a trouvé que c’était frustrant de voir que notre manifestation n’atteigne pas son bout. On a donc décidé de se concerter et d’aller les voir encore. Ils ont refusé et, à un moment, ils nous ont lancé un gaz lacrymogène, ce qui a provoqué la colère des nôtres », a expliqué Abdoul Rachid Zongo, l’un des manifestants.
Après plusieurs courses poursuites entre policiers et élèves, ces derniers se sont retranchés au sein du lycée Phillipe Zinda Kaboré. Ce retranchement était loin de sonner la coexistence pacifique. En effet, les élèves grévistes retranchés, les éléments de police sont venus prendre position au niveau de la porte secondaire du lycée Phillipe Zinda Kaboré, qui donne sur le rond-point des Nations-Unies.
Des commerçants comme victimes collatérales
Depuis leur position, les forces de l’ordre lançaient du gaz lacrymogènes et des pétards aux abords et à l’intérieur du lycée pour disperser les manifestants. De leur côté, les élèves se défendaient en envoyant aux policiers des pluies de cailloux.
Dans ce théâtre, ce sont aussi les commerçants particulièrement des libraires, qui exercent aux abords du lycée qui ont été obligés de fermer et assister à la scène. Une boutique non loin de la porte secondaire du lycée Phillipe Zinda Kaboré avait commencé à prendre feu. Cherchant à éteindre le feu, des commerçants ont également été gazés par les forces de l’ordre. Cela a provoqué la colère des libraires qui se sont aussi mis à lancer des cailloux aux forces de l’ordre pendant un instant, mais ces derniers n’ont pas répliqué. Finalement les éléments de Forces de l’ordre se sont repliés et laisser les commerçants éteindre le feu et vider la boutique de ses marchandises.
Ces affrontements n’ont pas été sans victimes. Du côté des élèves, il y a eu des blessés et des évanouis. Quant aux policiers, des vitres de certains de leurs véhicules ont été brisées par les projectiles des élèves.
L’origine de la frustration
Ce qui frustre les manifestants, c’est-à-dire les élèves, ce sont les réformes engagées par le ministère de l’éducation nationale. Ces réformes prévoient l’organisation du Baccalauréat par le Ministère de l’éducation nationale et l’annulation du sujet au choix dans certaines matières dès 2022. Aussi, ils ont déploré le fait de n’avoir pas été pris en compte dans la mise en œuvre des réformes. « Ils interdisent les examens blancs dans le public, par contre, si vous partez au PMK (Prytanée Militaire du Kadiogo), ça se poursuit, vous partez au privé ça se poursuit (…). Lorsqu’on veut prendre des réformes, on doit interroger tout le monde », a déclaré Satan Maré, représentant de l’Association des Elèves du Secondaire de Ouagadougou (AESO) du lycée Bogodogo.
Santa Maré s’est également désolé du fait que lui et ses camarades ne bénéficient pas du soutien de la part de l’opinion public. Toutefois, l’AESO compte entreprendre des concertations pour aboutir à une conclusion « qui ira à l’avantage de tous les enfants du peuple ».
Faso7