Vote de la diaspora : Les Burkinabè aux Etats-Unis passent le test avec brio

Pendant de nombreuses années, les Burkinabè de l’étranger ont réclamé le droit de participer au choix du Président du Faso. Cela a été rendu possible pour l’élection présidentielle de 2020, du moins pour ceux des zones de New York et Washington. Le scrutin du 22 novembre a été ressenti comme un test pour les organisateurs surplace, et ils l’ont passé sans difficulté majeure. Ils ont partagé leurs impressions avec Faso7, ainsi que leurs espoirs d’une plus grande participation les prochaines fois. 

La commission électorale indépendante consulaire de New York a été officiellement installé le 03 novembre 2019, avec comme président Watinooma Ahmed Willy SOGOBA. Et depuis lors, elle a travaillé d’arrache pieds pour l’aboutissement de ce scrutin. Elle s’est d’abord occupée de la mise en place des démembrements, puis du processus d’enrôlement, le traitement des listes, et la préparation du contentieux, avec toutes les phases de relecture du code électoral, pour aboutir au scrutin final le 22 novembre.

Pour Willy SOGOBA, la journée électorale a été « plutôt intéressante, dans la mesure où nous avons connu de l’affluence dès l’ouverture du bureau de vote, et nous sommes restés occupés pratiquement durant toute la journée. Nous n’avons pas eu de pic ou de temps mort, et c’est une journée mémorable pour nous. »

Un scrutin sans incident pour New York

Les bureaux de vote de New York n’ont pas eu de problème, seulement quelques petits soucis vite réglés : « Il y a eu des électeurs qui sont arrivés sans leur carte d’électeur, ou qui pensaient pouvoir voter seulement avec la carte consulaire ou le passeport, mais pas de difficulté majeure », explique M. SOGOBA.

« Il y a certainement les difficultés liées au fait que ce soit une première, mais le taux de participation est de plus de 60% » , W. Ahmed Willy SOGOBA

Pour ce qui est du taux de participation des Burkinabè de New York, il était plutôt satisfaisant pour l’organisation : « Vu le temps qu’il fait ici et les réalités dans lesquelles nous vivons, il faudra du temps pour que les gens soient convaincus. Il y a certainement les difficultés liées au fait que ce soit une première, mais le taux de participation est de plus de 60% et pour nous c’est bien pour une première. En plus des bureaux de New York il y a celui de Washington. Nous avons été très en contact durant tout le processus, et il semble que tout est allé pour le mieux là-bas aussi. »

Il faut cependant noter que tous les Burkinabè des Etats-Unis n’ont pas eu la chance de prendre part au vote. Pour Willy SOGOBA, les Etats où il y a une plus grande concentration de Burkinabè ont été utilisés comme « des cobayes pour tester le système. » Il explique que « Initialement les opérations devraient se dérouler dans les centres qui ont une représentation diplomatique : une ambassade ou un consulat. Nous admettons qu’il y a des Burkinabè dans d’autres Etats et espérons que pour les prochaines échéances il y aura une meilleure organisation qui permettra à tous ces compatriotes de participer. »

Des observateurs satisfaits

Le constat d’une journée tranquille a également été fait par les observateurs, notamment le représentant du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) Brice Sidnõma OUEDRAOGO. Il est le chargé à l’organisation de la jeunesse à New York pour le compte du MPP, et a été délégué dans le bureau de vote pour le compte du parti du président Kaboré.

« Je suis venu me rassurer que tout se déroule bien, que les personnes qui sont venues voter ont eu effectivement accès au lieu de vote » explique-t-il. « Nous savons par exemple qu’il y a des personnes âgées et d’autres handicapées, donc je devais m’assurer que chaque personne qui a été enrôlée et qui a fait le déplacement puisse effectivement avoir la possibilité de voter. Ensuite je devais m’assurer qu’après avoir eu accès au bureau de vote, les électeurs aient pu voter dans la sérénité. Je devais enfin m’assurer que les autres partis et la CENI fassent le travail comme il se doit, et que tout se passe comme le veut le code électoral. »

Une occasion un peu manquée pour la diaspora en Amérique.

M.OUEDRAOGO soutient que tout s’est bien déroulé selon ses observations sur l’entièreté de la journée. « Je suis arrivé très tôt le matin à 6h et j’ai constaté l’ouverture effective des bureaux de votes prévues à cette même heure. Les premiers votes ont été faits autour de 6h11mn et j’étais même le deuxième votant. La mobilisation a été grande », explique-t-il.

« La diaspora a longtemps réclamé et attendu ce droit de vote ; des devanciers dont je fais partie, ont lutté depuis des années pour que ce soit effectif », Brice Sidnoma OUEDRAOGO

Il soutien cependant que la participation aurait pu être bien meilleure : « Vu le nombre de Burkinabè que nous sommes dans cette partie de l’Amérique (New Jersey, New York, Philadelphie…) on aurait pu avoir beaucoup plus d’inscrits que les 500 et quelques uns. La diaspora a longtemps réclamé et attendu ce droit de vote ; des devanciers dont je fais partie, ont lutté depuis des années pour que ce soit effectif. J’aurais alors souhaité qu’il y ait une participation plus massive, quand on sait les coûts que cela aura engendré. La diaspora a un peu manqué l’occasion de sortir nombreuse. »

Brice OUEDRAOGO a néanmoins salué la disponibilité et le désir de tous les inscrits de remplir leur devoir citoyen. Il a aussi tenu à remercier les communautés religieuses, les associations et organisations, et les acteurs de la diaspora burkinabè, qui ont permis à l’information d’être diffusée, particulièrement en ce qui concerne le changement de lieu de vote à la ‘’dernière minute’’

En louant les efforts de tous ceux qui ont permis la réalisation de ce scrutin, Willy SOGOBA n’a pas manqué de souligner « la grandeur d’esprit et la maturité » des différents leaders politiques et des représentants des partis politiques : « nous avons eu une collaboration vraiment franche et constructive », a-t-il ajouté.

Des recommandations pour une meilleure organisation

Pour que les prochaines fois soient meilleures, M. OUEDRAOGO souhaiterait que les structures organisatrices soient dotées de moyens et équipements plus adéquats. Les bureaux de votes n’avaient pas par exemple de tableau pour noter les décomptes et les organisateurs ont dû improviser. Il suggère aussi d’asseoir une meilleure communication avec les électeurs, pouvoir définir et fixer le lieu de vote, en essayant de les rapprocher des électeurs : « J’ai vu des gens mécontents car ils ont dû venir de loin pour voter, ils se sont sentis un peu marginalisés, mais pour cela il faut évidemment que plus de gens s’inscrivent sur les listes pour que la nécessité se fasse sentir. (…) j’aimerais que tout le monde puisse, sans trop souffrir, exprimer son désir de voter. »

Stella Nana

Faso7

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