8-Mars 2023 : Ces femmes d’armes qui veillent sur nous

8-Mars 2023. Journée internationale de la femme. Au Burkina Faso, pays de plus en plus harcelé par des Groupes armés terroristes, cette année, le « pagne du 8-Mars » ne sera pas à l’honneur. Les femmes orientent leur réflexion sur leur contribution dans la lutte contre le terrorisme. Faso7 darde ses projecteurs sur trois  femmes. Elles sont engagées dans les Forces de défense et de sécurité. Et mettent la main à la pâte commune : en formant leurs frères d’armes, en sécurisant des sites sensibles et en réparant les véhicules de combat.

La lutte contre le terrorisme se mène au front. Mais pas seulement. Le combat est multidimensionnel. Et les femmes jouent leur partition au sein des Forces de Défense et de Sécurité.

Le  sergent de police Ouédraogo Isabelle est en service au Groupement de Compagnie Républicaine de Sécurité (GCRS) à Ouagadougou. Arrivée à la police nationale en 2017, avec un DEUG II en droit, obtenu en 2016, elle a une bonne collaboration avec le personnel masculin.

« On a fait deux  ans ensemble à l’Ecole Nationale de la Police (ENP). Cette formation nous a permis d’avoir une bonne collaboration, surtout, la fraternité et de briser ce mythe entre nous pour bien travailler sur le terrain », a-t-elle expliqué.

Arrivée à la police nationale en 2017, avec un DEUG II en droit obtenu en 2016, le sergent de police a une bonne collaboration avec le personnel masculin © Faso7 

Entourée de ses sœurs d’armes lorsque nous l’avons rencontrée le 24 février 2023, l’agent du GCRS a laissé entendre que  servir dans une unité d’intervention de la police était un rêve qu’elle a pu réaliser.

Un rêve réalisé

Aux  côtés de ses frères d’armes, elle effectue plusieurs missions dont la sécurisation des sites sensibles. 

Nous l’avons suivie au palais des sports de Ouaga 2000, le 25 février 2023 pour vivre de près son travail, sur le terrain, lors de la cérémonie d’ouverture du FESPACO 2023. Sur ce lieu, elle fouille les sacs des festivalières pour s’assurer qu’elles n’ont pas de matériels suspects ou pouvant blesser.

Les femmes CRS, communément appelées ainsi, se chargent aussi de la fouille corporelle de l’autre moitié du ciel. Le sergent de police Ouédraogo Isabelle, dans sa tenue d’intervention, coiffée de son béret,  effectue ce travail avec délicatesse, professionnalisme et rapidité.

Soutenu par son mari et sa belle-famille, cet élément du GCRS est vu comme une femme battante, courageuse et déterminée. « Certaines voient en moi une femme déterminée. Je leur donne l’amour du métier. Quand  je suis dans une équipe, certaines, quand, elles nous voient en tenue, ça leur donne la motivation, par contre d’autres dans la société trouvent que nous sommes des personnes dures de caractère », explique-t-elle.

Le sergent de police se rend au GCRS pendant ses jours de repos pour le sport. Amoureuse de son travail, elle ne cesse de le répéter. « Je le dis à haute voix, le métier d’armes était pour moi un rêve, j’aimais tellement la tenue et Dieu merci, je l’ai eue», soutient-elle.

« Certaines voient en moi une femme déterminée », sergent de police Ouédraogo Isabelle © Faso7 

Selon elle, le 8-Mars représente une journée d’émancipation et qui parle d’émancipation invite la femme à se mettre au-devant des choses dans le travail, pour relever les défis dont celui sécuritaire. L’élément du GCRS invite ses sœurs qui veulent emboiter ses pas à ne rien craindre mais à plutôt s’intégrer dans ce corps, pour pouvoir lutter pour la cause du pays.

Nous avons ensuite rencontré le sergent-chef  de police, Ouédraogo Oumoun, élément de la  Brigade Anti-Criminalité (BAC) de Ouagadougou, le 2 mars 2023 au sein de l’unité d’intervention.

Agent et formatrice dans ce service, elle forme les nouvelles recrues et les anciens de la BAC, déployés sur le terrain. Arrivée à la police nationale en 2013 après son BAC en 2011, ce sergent-chef a été retenu à la BAC en 2015.

Femme de terrain, le sergent-chef de police nous embarque pour une sortie terrain, afin de nous permettre de comprendre une partie de son travail. C’est un terrain d’entrainement de la BAC qui nous accueille à l’extrémité de la ville de Ouagadougou.

« Je n’amène pas mon commandement à la maison »

Après le sport, les étirements, place aux révisions de techniques d’intervention. Seule devant une vingtaine d’hommes, Ouédraogo Oumoun explique les techniques  et corrige ses apprenants.

Après la révision, nous avons droit à une simulation d’embuscade. Ce qui permet à la formatrice de corriger les lacunes de ses hommes sur le terrain.

Le Sergent-chef de police Ouédraogo Oumoun forme les nouvelles recrues et les anciens de la BAC, déployés sur le terrain © Faso7 

Il s’agit d’une équipe d’intervention de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) qui effectue une patrouille avec un matériel léger, prise en embuscade. Après avoir tenté de lancer une offensive sur la position ennemie, elle se rend compte que le volume des assaillants a augmenté de même que leur puissance de feu.

L’équipe décide alors, pour ne pas être à cours de munitions, d’opérer un repli tactique. Au cours de ce mode d’action, deux (02) motos refusent de démarrer. Elles seront abandonnées sur place et les éléments replient à bord d’un seul véhicule pick-up sous le feu de l’ennemi.

Craignant que le matériel soit utilisé  contre la population ou toute autre position amie, l’équipe engage des éléments de renseignement qui ont pu localiser les Groupes Armés Terroristes (GAT) dans leur base en possession des deux (02) engins abandonnés.

L’Equipe se réorganise avec des moyens plus robustes pour détruire la Base, récupérer le matériel ou le détruire.

De bout en bout, nous suivons l’assaut jusqu’à la neutralisation de l’ennemi et à la récupération des deux moyens roulants. Puis vient le temps de la correction des imperfections. « Nous ne  devons pas laisser notre matériel dans leurs mains. Soit nous récupérons, soit nous le détruisons », nous confie la formatrice.

De bout en bout, nous suivons l’assaut jusqu’à la neutralisation de l’ennemi et à la récupération des deux moyens roulants. Puis vient le temps de la correction des imperfections.

Mariée à un policier, la formatrice à la BAC bénéfice, au-delà de sa confiance, de son soutien. « Des fois, il m’accompagne donc c’est ce qui fait que quand je suis au service, je joue le rôle de la policière et arrivée à la maison, je joue le rôle de femme au foyer. Je n’amène pas mon commandement à la maison », relate-t-elle.

Courageuse aux yeux de sa famille  et aimée, le sergent-chef de police Ouédraogo est une source de motivation et d’envie pour la société. « La société pense comme les proches. Des fois, quand j’embarque dans le véhicule et je passe, je vois des populations dire : ah ! Il y a une femme dans le véhicule. Je pense qu’ils sont fiers de moi aussi », exulte-t-elle.

Pour elle, le  8-Mars  est une journée qui rappelle à la femme qu’elle est complémentaire à l’homme, non en termes de réalisation des  mêmes actions, mais pour une bonne collaboration entre femmes et hommes.

Le métier d’armes n’est pas une chose aisée. Il y a également des difficultés que la formatrice  rencontre, mais par amour pour son travail, ces difficultés sont minimes. « C’était dès le début. On me traitait  de femme mais, avec l’expérience que j’ai eue, d’autres même viennent vers moi pour me poser des questions afin de connaître d’autres techniques d’intervention », nous informe-t-elle.

« D’autres même viennent vers moi pour me poser des questions afin de connaître d’autres techniques d’intervention », sergent-chef de police Ouédraogo Oumoun © Faso7 

De son avis, en termes d’invite à ses jeunes sœurs,  la situation sécuritaire demande à tout un chacun l’engagement et si des dames pouvaient emboîter ses pas, elles apporteront leur contribution afin de  sortir le pays de l’insécurité et ramener la paix au Faso.

Ces femmes d’armes occupent plusieurs services au sein de ces institutions chargées de la sécurité et de la défense du pays. Si le sergent-chef de police Ouédraogo Oumoun est formatrice à la BAC, l’adjudant Nikièma Eliane, est gendarme-mécanicienne, conductrice et monitrice d’engins blindés.

Pour rentrer dans l’histoire

Nous l’avons rencontrée à la gendarmerie de Paspanga, le 1er mars 2023, dans son atelier de mécanique, entourée de ses frères d’armes, dans une ambiance bon enfant.

L’adjudant Nikièma nous a embarquée dans l’univers de l’entretien et de la réparation des moyens roulants de la gendarmerie nationale. Elle réalise sous nos yeux, la révision d’un véhicule puis, démonte la roue arrière pour une petite révision, avant de nous conduire sur son terrain de monitrice, en passant par la conduite d’un engin blindé.

L’adjudant Nikièma Eliane est de la 35e promotion des élèves Sous-Officiers de la Gendarmerie Nationale du Burkina/première promotion du recrutement du personnel féminin © Faso7 

Après l’obtention du Baccalauréat en 2004, option maintenance et automobile, pendant qu’elle continuait les études universitaires, elle a été admise au concours de la gendarmerie nationale en 2007. La mécanique étant un défi pour elle, l’adjudant Nikièma a poursuivi ses études universitaires et a obtenu la licence en maintenance industrielle en 2013.

Avec 16 ans de service effectif à la gendarmerie nationale, l’adjudant Nikièma Eliane est de la 35e promotion des élèves Sous-Officiers de la Gendarmerie Nationale du Burkina. Il s’agit de la première promotion du recrutement du personnel féminin au sein de cette institution.

« Le choix de la gendarmerie était vraiment un défi pour moi parce que c’était la toute première promotion où on recrutait un personnel féminin. J’avais réellement envie de faire partie de ce personnel féminin pour rentrer dans l’histoire », explique-t-elle.

L’adjudant Nikièma Eliane en train de faire la révision d’un engin de la gendarmerie nationale © Faso7 

Toujours aux côtés de ses frères d’armes pour un quelconque dépannage, sur tous les terrains, la gendarme-mécanicienne est soutenue par ses proches qui sont également fiers d’elle.  

« Chaque fois que je dispense les cours lors de mes formations, je ressens de l’admiration de la part de mes stagiaires et c’est une satisfaction pour moi », se réjouit la monitrice.

A l’image de la termitière où chaque membre de la communauté a un rôle à jouer dans la construction de l’édifice, les femmes apportent leur pierre à la lutte contre le terrorisme. Que ce soit en formant des combattants, en veillant au grain aux portiques ou en prenant soin des engins de combat.

Alice THIOMBIANO

Faso7

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