Burkina Faso : Le PAM livre près de 13 tonnes de vivres aux déplacés internes de Djibo

La situation humanitaire dans la province du Soum est très préoccupante. Les livraisons en vivres effectuées par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont été suspendues depuis le 28 décembre 2021. Elles n’ont été reprises qu’en octobre 2022. Ce mardi 20 décembre 2022, une mission conjointe menée par le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) a permis de livrer près de 13 tonnes de vivres aux populations de Djibo, dans la province du Soum (Région du Sahel du Burkina Faso). 

« A Djibo, tous les ménages ont besoin d’aide humanitaire même les fonctionnaires », nous a confié un humanitaire bien avant le début de la mission.

9h 35, l’hélicoptère transportant les vivres se pose à Djibo. Autour de l’appareil, plusieurs personnes, des jeunes comme des moins jeunes. Pour mener à bien ses opérations humanitaires, le PAM est accompagné par l’association Seracom, une association nationale basée à Djibo et intervenant dans la zone du Sahel et du Centre nord. Cette association a à sa tête Alpha Ousmane Dao.

Une partie des populations déplacées internes attendant le don de vivres.

Le premier site de déplacés internes est le site de Cilgue et de Coubel-Alpha, des villages situés à une vingtaine de kilomètres de Djibo. Ce site comprend 267 ménages et 2 205 personnes venues en février 2022. Les déplacés internes de ce site sont ravitaillés grâce à l’aide de l’UNICEF.

Pour satisfaire le besoin en eau des déplacés internes de ce site, 20 mètres cubes d’eau sont distribués par jour, soit 4 bidons d’eau par ménage.

Les hommes sont minoritairement représentés sur ce site. La raison, selon certaines personnes interrogées, certains des hommes ont fuit la ville de Djibo pour se retrouver à Bobo Dioulasso. Les moins chanceux ont été tués. Aussi, d’autres hommes ont rejoint les sites d’orpaillage, nous explique B. O, un déplacé interne.

Pour avoir un peu d’argent afin de s’occuper de leurs proches, les personnes déplacées internes du site de Cilgue et de Coubel-Alpha ont pour activité principale la coupe du bois. Cette unique activité génératrice de revenus est essentiellement exercée par les femmes. Les hommes ne peuvent pas se rendre en brousse pour chercher le bois. « A 1 km même du site, si tu vas, tu es un homme mort », nous confie un autre déplacé interne.

Le bois que les femmes déplacées internes.

Le problème principal auquel sont confrontées ces populations, est le manque de nourriture. Selon certaines personnes à qui nous avons tendu notre micro, le plat de céréales notamment le riz, le maïs ou le mil, est vendu à 3 500 F CFA. « L’eau, il y en a, mais la nourriture, il n’y en a plus », se lamente une déplacée interne.

Sur le site aménagé pour la distribution des vivres, plusieurs personnes notamment des hommes, des femmes, et des enfants, issus de 700 ménages, attendent d’être servis. Le magasin de stockage qui doit contenir les vivres est complètement vide.  » Le magasin est vide parce que ça ne suffit même pas. Dès que ça vient, on distribue« , nous fait savoir un autre humanitaire.

Pour les opérations de distribution, les populations sont formées en groupe de 20. Chaque groupe reçoit 5 sacs de sorgho, 1 sac de haricot, et deux boîtes d’huile. Après réception des vivres, chaque groupe fait le dispatching avec ses membres.

Si la vie sur le site est difficile, il est encore plus pour les personnes vivant avec un handicap. C’est le cas de O. K, une déplacée de Titao, membre d’une famille de 10 personnes. « Nous avons eu des vivres et nous voulons plus. Nous demandons de voir le cas de nous les handicapés », a-t-elle exhorté.

Un déplacé interne et vivant avec un handicap moteur tenant les deux boîtes d’huiles de son groupe.

Une autre préoccupation est prise en compte sur le site. Il s’agit de la situation de malnutrition dont sont victimes certains enfants. Pour faire face à cette situation, des des Agents de santé communautaires vérifient le niveau de malnutrition de l’enfant ou de la femme enceinte ou allaitante. Une fois le niveau identifié, il leur est distribué des rations de protection.

La prise en charge des femmes enceintes, allaitantes,et des enfants en situation de malnutrition.

Le Soum est l’une des provinces du Burkina Faso qui a atteint la phase 4 de la crise humanitaire. La province est en situation d’urgence. Djibo la seule ville où sont concentrées les populations était sous blocus depuis février 2022. Pourtant, les populations n’ont pas pu effectuer les travaux champêtres du fait de l’insécurité. 

Selon la fiche de communication du PAM réalisée avec le gouvernement burkinabè, d’octobre 2022 à décembre 2022, 2% de la population burkinabè totale soit 341 650 personnes sont en situation d’urgence. Elles sont localisées dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, de l’Est et du Nord. Dans la région du Sahel et particulièrement dans la province du Soum, 0,01% de la population, soit 1 817 personnes sont en situation de catastrophe alimentaire.

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