Burkina Faso : Le terrorisme, une guerre civile et réactionnaire selon André Tioro




Un panel sous le thème, « la situation nationale et ses enjeux : Quelle alternative ? » a été animé le samedi 12 novembre 2022 à Ouagadougou par le Pr Mahamadi Sawadogo et André Tioro.
Le professeur Mahamadi Sawadogo, premier conférencier, au cours de son allocution, a expliqué que la situation de crise que vit le pays est particulièrement « aiguë » marquée par une instabilisation affligeante.
« Nous sommes passés de la complexité à l’enlisement de la crise à tel point que beaucoup d’entre nous, nous sommes exposés à la tentation du découragement et nous nous demandons si une autre issue que l’effondrement est possible », a-t-il déclaré.
De son avis, les attaques terroristes sont les traits saillants d’une crise exacerbée et les conséquences que ces attaques ont, sont particulièrement négatives. Ainsi, il y a des victimes directes que sont les déplacés internes et un terrain qui est affecté par les conséquences des attaques.
C’est l’existence même de notre pays qui est en jeu puisqu’un groupe armé occupe le territoire
Ce terrain est le domaine de l’éducation. Selon le Pr Sawadogo, cette semaine, les chiffres des écoles qui sont fermées ont été actualisés et ils sont en nette augmentation.
Il s’agit de 4 992 écoles primaires fermées, 643 établissements du post primaire fermés et près d’un million d’élèves concernés par cette situation de fermeture. A côté de ces établissements, les établissements d’enseignement supérieur sont également concernés par ces fermetures.
De son avis, cette situation de crise a conduit à deux coups d’Etat en 8 mois. « L’intervention du coup d’Etat est un signe d’enlisement de la crise. Le coup d’Etat en lui-même entraîne une manipulation des institutions, une désorganisation de l’ordre légale », a noté le Pr Mahamadi Sawadogo tout en précisant qu’avec le 2e coup d’Etat, il ne s’agit pas d’un changement fondamental même si « on peut parler d’une réorientation de la dynamique purement insurrectionnelle dans laquelle s’était engagé le premier coup d’Etat ».
Le 2e conférencier, André Tioro, s’est interrogé sur l’existence de l’Etat, car dans le cas du Burkina Faso, il n’y a plus de territoire or l’Etat, c’est le territoire. Il a qualifié le terrorisme de guerre civile et réactionnaire qui marque un tournant majeur dans la sphère historique et politique du pays. « Un tournant majeur parce que c’est l’existence même de notre pays qui est en jeu puisqu’un groupe armé occupe le territoire », a-t-il déclaré.
Dans son développement, André Tioro a laissé entendre qu’il y a des failles dans l’armée car le pays est dans le tâtonnement jusqu’à présent, ce qui inquiète le peuple.



Par ailleurs, le conférencier explique que la guerre civile a développé un sentiment anti-impérialiste qui est entrain de gagner en largeur. Mais, il a précisé qu’il faut que ce sentiment gagne en conscience. C’est pourquoi il a interpellé les acteurs de la lutte contre l’impérialisme à articuler un changement fondamental.
« Les manifestations sont bien, mais il faut qu’il y ait la conscience. Sur la question de la lutte anti-impérialiste, il faut aussi savoir qu’on ne va pas quitter le joug d’un impérialiste pour aller sous le joug d’un autre impérialiste », a indiqué André Tioro.
En rappel, le panel a été organisé par une dizaine d’organisations. Il s’agit entre autres de l’AJB, le Balai citoyen, le CBDDH, le CIFDHA, le CISC, le Collectif CGT-B, Kebayina, le Manifeste des intellectuels pour la liberté, le MBDHP, l’ODJ, le PREFA, le REN-LAC, l’UGEB, l’ABASSEP .