Tribune de Boureima Sawadogo : « Prenons le temps de nous écouter »


Ceci est une tribune de Boureima Sawadogo, citoyen burkinabè, sur la situation nationale au Burkina Faso.


C’est alarmant la tournure que les choses sont en train de prendre. La parole dans un tel contexte est lourde pour des êtres modestes comme nous, mais le péril imminent de la Nation nous commande à tous une dose de sagesse.
Que notre silence collectif, notre inaction ne soient complices d’un accroissement de l’incertitude dans laquelle nous avançons inexorablement.
Nous venons de loin, mais l’histoire semble peu nous enseigner. Si des résultats parvenus nous ne sommes à mesure de prendre conscience, les conséquences sonneront encore à nouveau et sans doute comme un glas.
De l’espoir suscité en effet, le désespoir est tapi à notre porte. Nous ne sommes plus loin du fond, quand nous voyons le niveau de banalisation de la chose Publique, le monopole que des sans voix d’hier s’octroient aujourd’hui de la place publique avec des diktats parfois irréfléchis, n’intégrant pas la multi dimension de l’État.
Prenons donc le temps de nous expliquer. Prenons donc le temps de nous écouter.
Nous parler : les leaders, eh oui, les leaders doivent prendre de la hauteur et du recul pour faire comprendre au peuple, à la suite d’un profond diagnostic, les réalités auxquelles nous faisons malheureusement face.
Notre pays est exsangue, pauvre, dépendant, multi ethnico religieux ; notre État -Nation est en construction, notre république n’est pas dans les mœurs, les esprits et convictions, la rue ne saurait être maître, nos discours doivent être teintés d’une dose d’humilité, personne n’a perdu et il n’y a pas de vainqueur, le Faso avant tout, etc. Tous ont leur place dans l’édification de la Nation : riches, pauvres, savants, ignorants, fous, sots, tous doivent être à l’œuvre de la refondation, de la reconquête et de la reconstruction.
Un pas sans un seul nous condamne à un prochain recul.
Nous écouter, eh bien oui, le lapin, en réponse à la question du chat disait que Dieu lui a doté de longues oreilles et une petite bouche afin qu’il écoute plus et parle moins.
J’en fais mienne, cette sagesse, pour inviter aujourd’hui toutes les composantes de la Nation à s’écouter, à écouter ; écoutons la voix de la raison, sortons des clivages et approches passionnelles. Déconstruisons les stéréotypes, les clans, les sous-groupes et la quête voire la consolidation des intérêts individualistes et pensons au Faso. Inscrivons sa survie au marbre dans nos cœurs, orientons nos actions individuelles, nos pensées, nos prières et vœux vers la reconquête de sa stabilité, de sa sécurité, de son progrès et de sa prospérité.
Mais écouter qui ? Et comment ? Nos assises sont précoces, prématurées. Elles portent en elles-mêmes les germes d’une nouvelle déliquescence, d’une nouvelle instabilité. Loin de moi l’idée d’être fataliste. Je m’appuie sur l’expérience et je veux bien être factuel.
Aujourd’hui, notre Etat fonctionne bien et mieux avec le dispositif activé à travers l’ordonnance habilitant les secrétaires généraux des ministères et le principe acquis de gouverner par ordonnance.
Continuons donc pour l’instant avec ce dispositif pour deux raisons : quand un trône est vacant, tous les prétendants contribuent, du fait de l’espoir, à sa construction. Par ailleurs, nous n’avons pas été assez introspectifs pour dégager les raisons profondes de notre déliquescence puis arborer de façon consensuelle les pistes de la reconquête de notre bonheur collectif.
Ce temps nous permettra au sein du MPSR, d’organiser des commissions de sous dialogue avec : les coutumiers, les religieux, les politiques, les OSC et toutes les autres composantes de la nation autour de leur lecture de notre situation actuelle, les orientations possibles, les compromis nécessaires et les contributions que chacun sera prêt à pourvoir.
Une synthèse de ces pré assises est indispensable. Elle permettrait à une équipe technique de dégager les scénarii les plus consensuels pour asseoir le pouvoir d’État dans un dispositif stable du fait de son inclusivité.
Ce devrait être sur la base de ces travaux que les assises pourraient bien être organisées.
Dans les conditions actuelles, quoique nous formulons de pieux vœux pour la réussite, nous ne pouvons pas faire taire la voix intérieure sceptique !
Boureima Sawadogo
Belle lecture de la situation nationale. Suis totalement d’accord avec vous. Les assises sont très tôt et les vieux loups pourront s’ancaparer du pouvoir. QU’ALLAH assiste et bénisse le BURKINA FASO
Je suis d’avis avec vous monsieur, vous aviez tout dire