Gambie : Les députés s’opposent à la dépénalisation de la dépigmentation


Le gouvernement gambien voulait abroger la loi interdisant la dépigmentation. Il s’est retrouvé confronté au refus des députés.
Depuis 1996, la Gambie sous la présidence de l’ancien président Yahya Jammeh, a adopté une loi pour pénaliser la dépigmentation. La loi, toujours en vigueur, interdit l’importation des produits éclaircissants et prévoit également des sanctions pour les importateurs, condamnés à payer une amende de 30 000 dalasis soit plus de 320 000 F CFA. Les usagers de ces produits, le plus souvent des femmes au nom de la « beauté », sont frappés d’une amende de 5 000 dalasis en cas d’une dénonciation.


Le gouvernement d’Adama Barrow, arrivé au pouvoir en janvier 2017, a voulu abroger cette loi. Le texte d’abrogation de la loi a été présenté pour la première fois au parlement gambien en mi-2020. Pour certains députés du parti au pouvoir, il est nécessaire d’abroger cette loi afin d’éviter que les « hommes continuent d’abuser des femmes en menaçant de les dénoncer pour s’être dépigmentées la peau ».
Une fois de plus, en fin mars 2021, les autorités gambienne ont tenté de justifier la nécessité d’abroger la loi. « Si la loi est maintenue et que nous l’appliquons, c’est vous [les parlementaires] qui allez nous demander de ralentir le rythme, parce que nous allons faire de nos fils et de nos filles des criminels. C’est un problème social […], la loi n’est pas la solution », a déclaré Dawda Jallow, le ministre de la communication du Gambie.
Ce lundi 22 mars 2021, le texte d’abrogation est passé au parlement pour adoption. Sans grande surprise, 23 députés ont voté pour le maintien de la loi tandis que 10 autres ont voté pour son abrogation. La loi sur la pénalisation de la dépigmentation reste toujours maintenue en Gambie.
Pour les opposants à la loi d’abrogation proposé par le gouvernement d’Adama Barrow, la dépigmentation implique des questions morales, religieuses et de santé à cause des dangers encourus par les usagers du fait de certains produits dépigmentants. « Les produits chimiques utilisés dans les crèmes de blanchiment sont dangereux pour la santé », a déclaré le député Momodou Camara, lors du vote de la loi d’abrogation initiée par le gouvernement.
La dépigmentation est une pratique très répandue en Afrique subsaharienne. Même si elle est beaucoup plus pratiquée par les femmes au nom de certaines conceptions de la beauté, certains hommes africains s’adonnent également à cette pratique.
Source : Le Monde
Lazare Kola (Stagiaire)
Faso7