[Tribune] Youssouf Savadogo à Emmanuel Macron : « Vous avez déjà perdu toutes vos anciennes colonies »

Ceci est une tribune de l’écrivain Youssouf Savadogo, une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron.

Monsieur le Président, c’est avec un profond regret que je vous adresse cette lettre, que vous trouverez choquante, mais qui revêt un sens profond.

En effet Monsieur le Président, lorsque vous avez été élu président de la République française, la jeune génération que vous représentez fièrement dans le monde, vous  a cru. En ce sens que, vu l’évolution économique, politique, intellectuelle des peuples africains, vu les victoires et les échecs de tout genre que votre pays a connus,  vous seriez le modèle de président qui dédommagerait les anciennes colonies de la France.

 Cette fameuse phrase : »La France n’a pas d’amis ! Elle n’a que des intérêts » ne pourrait prospérer dans ce siècle présent. Nous constatons avec amertume que vous avez décidé de vous identifier à vos prédécesseurs dont la politique était de brimer l’Afrique francophone. Un regard rétrospectif et actuel nous fait penser que vous semblez porter la couronne du pire leader de la France.

Vos arrière-grands-parents, vos grand- parents et vos parents ont dompté l’Afrique francophone comme un lionceau, mais vous ignorez aujourd’hui que le lionceau a grandi.  C’est maintenant un lion, oui! Un lion rugissant qui n’a plus peur de rien.

Vos aïeuls ont maintenu durant deux siècles, l’Afrique Francophone dans l’esclavage, l’esclave s’est affranchi. Et un esclave affranchi refuse naturellement le joug de son ancien maître.

Excellence Monsieur le Président, ce qui se passe aujourd’hui en Afrique n’est pas une  succession des coups d’État militaires, contrairement à ce que vous pensez. C’est une révolution généralisée d’une génération des peuples africains qui ont décidé de s’affranchir du joug du néocolonialisme.

« Vous êtes en face d’une jeune génération africaine prête à vous résister »

Cette révolution ne se limitera pas dans les pays qui ont déjà pris leur destin en main.

Vos actions et votre attitude mettront à mal davantage votre autorité tant perceptible dans vos anciennes colonies.

Soyez-en convaincu,  vous avez déjà perdu toutes vos anciennes colonies. La jeunesse vous a cru. Malheureusement, vous avez échoué dans votre leadership. Vous pensez détruire l’Afrique francophone, mais au finish, cela se retournera contre vous-même et contre votre pays. Soyez rassuré que vous êtes en face d’une jeune génération africaine prête à vous résister.

Vous aimez la France ! Et vous aimez les Français. Nous l’avons constaté. En effet, toutes les fois que vous décidez d’attaquer un pays africain, vous mettez d’abord vos ressortissants à l’abri, et ensuite vous encouragez le massacre des autres populations. Si c’est ça la coopération, l’Afrique a son plein droit de dire non. Car trop c’est trop.

C’est vrai que certains Africains sont acquis à votre cause. Mais les vrais Africains vous résisteront jusqu’à leur dernier souffle s’il le faut. J’ose affirmer que vous-même qui parlez de démocratie ne connaissez pas la vraie démocratie.

Un vrai démocrate ne s’installe pas avec force dans un autre pays souverain en  dictant ses lois, refusant de quitter même si le pays hôte n’a plus besoin de lui. Monsieur le Président, trouvez-vous que ce comportement est digne d’un vrai démocrate ?

Les fils et les filles de l’Afrique vous ont vomi ! Vous devez le savoir, même si vous insistez. Les temps ont changé. Vous n’ignorez pas non plus, que sans révolution, un pays ne peut pas émerger. Laissez le Niger émerger. Laissez l’Afrique se développer. Les contrats qui vous liaient à l’Afrique peuvent être rompus ou révisés. Vous même vous savez que vous n’êtes pas là pour rien.

La démocratie telle que vous nous l’avez offerte en Afrique, est une forme de dictature. Pire que les putschs. Avec cette démocratie, vous organisez, vous installez qui vous voulez, vous éjectez, vous réinstallez à votre guise, et personne ne doit parler.

Monsieur le Président, respectez le choix du peuple du Niger. Il a choisi. N’attaquez pas le Niger.

Vive l’Afrique, vive le Niger. Le lionceau a grandi. Maintenant c’est un lion qui rugit tous les jours.

Youssouf Savadogo,

Ecrivain burkinabè

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