[Tribune] Intervention militaire au Niger : « Ne foncez pas, le résultat sera fatal ! »


Ceci est une lettre ouverte de l’écrivain Youssouf Savadogo sur la situation au Niger. Il propose de renoncer à une intervention militaire et de songer plutôt à mettre en place une transition.
Une lettre très ouverte aux très grands, aux éminents membres de la CEDEAO. Nous constatons, et nous suivons avec amertume et désolation ce qui se trame dans notre chère Afrique. Nous sommes plus jeunes, mais nous ne pouvons pas nous taire. En effet depuis le début de la crise qui secoue le Niger, un pays frère et compagnon de lutte, nous attendons tous des pistes adéquates pour un dénouement pacifique de la crise.
Mais notre surprise est grande, lorsque nous apprenons, qu’une décision est prise lors du sommet à Abuja avec le seul objectif est de rétablir Monsieur Bazoum. Dans le cas contraire une intervention militaire sera imminente.
Excellences Messieurs les chefs d’État, nous ignorons les sources de cette motivation. Mais nous insistons qu’une telle décision ne saurait prospérer.
L’histoire retiendra qu’en 2023, des vieillards ont failli, ils ont vendu l’Afrique aux Occidentaux. Mais le résultat est nul. Emmanuel Macron doit savoir que la France qu’il gère aujourd’hui est différente de la France de Charles de Gaulle. L’Afrique d’aujourd’hui est différente de celle des années 70 et 80.
Nous retenons toujours que toutes les crises de l’Afrique ont été occasionnées par les Africains eux-mêmes et appuyées par les Occidentaux. L’esclavage a été entretenu et encouragé par les Africains qui ont vendu leurs enfants, leurs frères et sœurs aux hommes blancs. Ce n’est donc pas étonnant que certains fils d’Afrique décident de liquider leurs frères et sœurs nigériens aujourd’hui afin de se maintenir eux-mêmes au pouvoir, de satisfaire la volonté de l’homme blanc, d’encourager le pillage des ressources minières du Sahel.
« Quand on refuse, on dit non ! »
Excellence messieurs les chefs d’État, soyez en convaincus qu’une nouvelle génération de leaders est debout, elle vous tiendra tête même au prix de sa vie. Une génération consciente dit non. Et cette position de la cause juste pour l’intérêt de toute l’Afrique triomphera. La nouvelle génération de leaders des peuples africains s’opposera à vous par tous les voies et moyens. Les combats commenceront d’abord dans vos pays respectifs.
L’écrivain ivoirien Amadou Kourouma disait : « Quand on refuse, on dit non ! » Tous les dignes fils de l’Afrique toute entière disent non à votre projet imminent. D’attaquer le Niger. Et nous voyons déjà votre échec. Vous avez toujours échoué dans toutes les résolutions des crises sociopolitiques qui secouent notre cher continent. Nous vous interpellons. Il est toujours temps de reculer. Ne foncez pas, le résultat sera fatal.
Cette décision de déployer des forces serait utile pour chasser plutôt les terroristes et les djihadistes du Sahel. Sinon cette guerre ne vous rendra certainement pas service, ce serait une catastrophe suivie de regrets. Le plus grand perdant c’est la France et nos présidents vieillards qui auraient dû bien terminer leurs vieux jours, et laisser de bonnes traces indélébiles pour la génération montante et future.
« Encourager une mise en place d’une transition avec toujours la junte à la tête »
Ce n’est jamais une faiblesse de renoncer à sa décision. Prétextant que seule l’intervention militaire rehaussera votre tête. La honte à venir, après votre échec. J’ose croire que ce sera aussi la fin de la CEDEAO avec toutes les conséquences néfastes, la dislocation de certains États, reste prévisible.
Les pères fondateurs des différentes Nations se retourneront sept fois dans leurs tombes suite à votre désir d’aller jusqu’au bout pour détruire le Niger. L’histoire retiendra de toutes les façons. Ce que nous assistons est loin d’être le combat de Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor, Kwame N’krumah, Thomas Sankara, etc. Que Dieu exauce le Niger, et l’Afrique tout entière, pour une Afrique crédible et forte, unissons-nous dans la prière et tenons-nous la main pour un lendemain radieux.
Au risque de transformer la CEDEAO en une communauté égoïste de déstabilisation et de destruction des États de l’Afrique de l’Ouest, la sagesse que les cheveux blancs procurent vous guidera certainement à la résolution de cette crise nigéro-nigérienne.
4 points majeurs peuvent être mis en exergue.
1- Encourager une mise en place d’une transition avec toujours la junte à la tête. 2- l’élaboration d’une charte conventionnelle qui prendra en compte les intérêts des Nigériens.
3-Negocier la libération du président Bazoum et de sa famille.
4- Lever les sanctions imposées aux Nigériens.
Certes, un adage africain dit que la honte d’un vieillard se transforme en folie ! Mais lorsqu’on recule à temps, on peut espérer la guérison.
Youssouf SAVADOGO,
Ecrivain burkinabè
merci frere la sagesse l ai habite et les ames de ces personnages ne mouront pas ils ne vont pas utiliser la force ,union de priere