Centre de formation Onésiphore music : Des vacances musicales offertes aux tout-petits


De plus en plus des jeunes et des enfants de toutes catégories se forment en musique. Ils apprennent à jouer à un instrument de musique, à danser ou à chanter. Pour les enfants, les vacances sont bien propices pour se faire former sans beaucoup de stress. Alors, nous décidons d’aller voir de plus près ce qui se passe et c’est au Centre Onésiphore music, créé depuis 2016 que nous déposons nos valises ce 17 juillet 2023.
Perdu au fond d’une grande cour qui abrite plusieurs institutions, écoles, offices sanitaires et lieux de culte, le centre Onésiphore se dresse au beau milieu des neems. Il occupe une salle d’environ 50 mètres carrés et bénéficie de plusieurs autres bâtiments pour ses activités. Nous sommes au quartier Tanghin dans le secteur N°17 de la commune de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
Quand nous arrivons là ce lundi, dans l’après-midi, à 15 heures, ce sont les pas de danse des enfants qui nous accueillent. Cet après-midi est exclusivement dédié aux enfants. Le temps est encore calme et une chaleur apparente se dégageait parce que le soleil était au rendez-vous à cette heure de la journée. Ça saute, ça descend ! Dans la bonne humeur. Quand nous rentrons dans une des salles, les enfants, aussi agiles que leurs maîtres, esquissent les pas de danse en suivant ceux-ci.



Le responsable du centre, Arsène Rouamba est plus occupé que d’habitude. Nous sommes en période de vacances et son centre organise des sessions de formation intenses pour les enfants et les adultes.
Le jeune homme qui nous a ouvert les portes de son centre de formation est un jeune marié passionné de musique, d’entrepreneuriat et de l’événementiel. Il est lui-même grand joueur de batterie. S’il a décidé de créer une structure pour former, c’est parce qu’il adhère à cette maxime qui dit que « la musique adoucit les mœurs ». Pour adoucir les mœurs, « il faut des musiciens, et pour pouvoir donner quelque chose de qualité, il faut la formation », nous explique-t-il.
Son objectif est de « permettre à ceux qui veulent devenir des artistes musiciens ou des artistes chanteurs d’avoir un niveau qui va leur permettre de pouvoir donner ce qui est bon » poursuit Arsène Rouamba. Onésiphore music est un centre de formation laïc. Il forme toutes les personnes qui désirent apprendre la musique sans tenir compte de leur niveau d’instruction scolaire.
« Onésiphore c’est l’apprentissage artistique et musicale »
Lorsque nous faisions le tour des classes de formation du centre, nous constatons plus de la pratique. La danse est exécutée au rythme de la musique. C’est du « regardez et puis vous faites comme moi ! ». Pour des enfants vacanciers, c’est plutôt amusant. Sinon, après neuf mois à l’école, les cours théoriques en quantité devraient être fatiguants.
A côté de ceux qui apprennent la danse, se trouve, dans une autre salle, les apprenants de la batterie. « Ce sont les roucas casseurs », nous confie le formateur sourire aux lèvres. Là, nous faisons la connaissance de Phanuel, élève en classe de CE2. A chaque vacances, il vient apprendre à jouer de la batterie. Phanuel aime la batterie et il apprend déjà beaucoup malgré son jeune âge. Il a appris du reggae, de la salsa qu’il joue bien.



Un peu plus loin, nous sommes conduits dans un studio bien climatisé et sécurisé. Il est réservé aux tout petits enfants qui ont souvent moins de 4 ans. Ils sont assis sur de petites chaises dimensionnées à leur taille et au rythme de leur maître, il tape le djembé en suivant le son: « paaapa, maaaman ». Ils appliquent souvent avec des retards chez certains, mais c’est toujours intéressant de les voir battre la peau pour produire un son.
En pleine tournée dans les classes d’apprentissage, nous sommes servis çà et là par un grand classique joué au piano et les grincements des guitares. Nous attendons aussi « do, ré, mi, fa, sol, la, si, do » un peu partout.
Ashley, 7 ans, est une apprenante du piano. Elle a déjà un piano à la maison et elle veut apprendre à bien jouer. Elle est inscrite à Onésiphore music pour « la première fois » et elle trouve déjà son compte. « On nous a appris le nom des accords, on nous a appris aussi quelques morceaux » nous explique-t-elle.
La musique a beaucoup de vertus
Il est reconnu que la musique participe au développement holistique de l’être humain. Arsène Rouamba en a bien conscience, et pour lui, « à part apprendre à jouer la musique pour devenir un artiste chanteur ou musicien, la musique crée la concentration, stimule l’intelligence de l’enfant et permet à celui qui apprend d’être créatif ». Il a donc fait appel à des maestros de la musique pour encadrer ses apprenants.
Pour comprendre davantage l’apport de la musique à l’épanouissement des enfants, nous nous sommes dirigés vers quelques parents pour prendre leur avis. Madame Béatrice Nikiema/Nacoulma attendait sportivement sous les neems ses trois enfants inscrits aux formations. Elle nous confie que la musique épanouit effectivement les enfants. Elle « constate que les enfants sont éveillés » quand ils apprennent. « Même au niveau de l’école, on constate qu’il y a une évolution », soutient-elle.
Les avis des parents semblent être homogènes à l’exception de leurs attentes, c’est le cas de Daniel Ouédraogo. Il est pasteur. Son désir est de voir un jour ses deux enfants inscrits à Onésiphore music mettre leurs connaissances au profit de l’église.
Pendant les vacances, il est important pour les enfants de passer du temps à se divertir loin des écrans, mais en pratiquant des loisirs qui restent didactique. Cela leur permet de souffler un tant soit peu. Ce qui est courant dans nos sociétés surtout en ville, les enfants passent du matin au soir à regarder des programmes télévisuels.
Pourtant, l’exposition des enfants aux écrans pourrait constituer des problèmes de santé plus tard. Des études ont montré un retard de langage au niveau de ces enfants sans oublier les contenus pollués.
Onésiphore music, le rêve est grand !
Le responsable du centre Onésiphore music a investi dans l’acquisition de matériels pour la formation. Il nous confie que sa structure fonctionne sur fonds propres. « Nous arrivons à nous en sortir par les inscriptions », nous assure-t-il.
Toutefois, les difficultés n’en demeurent pas moins. Le centre de formation a commencé dans un bâtiment de moins de 50 m2. Aujourd’hui, la demande de formation ne cesse de croître et le responsable utilise les salles d’une école tout près du centre pour les formations. Sa structure fait face au manque de salles et de matériels. « On a assez de matériels, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde », déplore-t-il.



Onésiphore music emploie directement 4 personnes dans la gestion et 6 formateurs spécialisés. En outre, une quinzaine de formateurs interviennent partiellement au cours des ateliers de formation. Ce sont des professionnels et des enseignants d’autres instituts de formation musicale de la ville de Ouagadougou.
Dans la tête du responsable, des grands projets sont imaginés, mais pour lui, le grand souci demeure les moyens financiers. « Nous voulons dans l’avenir avoir notre propre centre, également, nous voulons que dans l’avenir, ça devienne un conservatoire où les gens peuvent quitter partout dans le monde pour venir se former », explique Arsène Rouamba tout rassurant.
Hisser la musique burkinabè plus haut
Depuis sa création en 2016, plus de 1000 personnes ont été formées à Onésiphore music. La voix est ainsi tracée et le centre ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le responsable du centre veut un centre qui intègre toutes sortes de formations aussi bien pour les débutants que pour les professionnels.
Le manque de formation joue sur la qualité de la musique produite au niveau national. Et Onésiphore music veut contribuer à relever ce défi. Pour son premier responsable, même si la musique est innée chez certaines personnes, elles doivent tout de même se former. D’ailleurs, il conseille à « tous ceux qui rêvent de devenir artistes musiciens ou artistes chanteurs de se former pour pouvoir produire de la qualité » car dit-il, « la qualité permet d’être compétitif ».
Les artistes constituent « des entreprises » et ils doivent avoir un bon management. Depuis quelques années, Onésiphore music organise des sessions de formation et des panels allant dans ce sens.
Au moment où l’astre du jour plonge dans le noir, les parents viennent chercher leurs enfants à bord des voitures, sur des motos, et d’autres regagnent leur maison eux-mêmes, on attend encore « 1, 2, 3 et dos ! ok on reprend ! « . Ce sont les derniers pas du jour !
Frédéric Zoundi (Stagiaire)
Faso7