Ouagadougou : Un immeuble en construction, objet de colère des riverains de Belle-Ville


Des habitants du quartier Belle-Ville, dans l’arrondissement n°06 de Ouagadougou, ont initié un mouvement d’humeur ce 15 avril 2023. Ils sont sortis dénoncer la poursuite des travaux de construction d’un immeuble de type R+3 abritant un établissement d’enseignement maternel et primaire.


Les manifestants dont des voisins et riverains du quartier se sont regroupés devant l’immeuble en question pour marquer leur hostilité quant à la poursuite de sa construction. Moïse Ouédraogo est l’un d’entre eux et sa cour est voisine au bâtiment. Il a fait savoir que le propriétaire du chantier à trois niveaux, Issa Jean Théophile Kaboré, ne dispose ni d’un permis de construire, ni d’un permis urbain d’habiter (PUH).



De ce qui précède, Moïse Ouédraogo a indiqué que depuis 2018, Issa Jean Théophile Kaboré foule du pied les sanctions d’illégalité et injonctions d’arrêt de chantier, émises par les autorités compétentes par rapport à la construction du bâtiment à étage.
« La dernière fois, nous lui (le propriétaire) avons vu en train de faire le niveau 3. On s’est déporté au niveau de l’OMC/AC qui est un démembrement du ministère de l’habitat et on a expliqué la situation. Ils nous ont fait comprendre qu’il n’a pas le droit de continuer, parce qu’il y a des préalables à voir d’abord », a ajouté Moïse Ouédraogo.
Pour donner suite à la requête, les responsables de l’OMC/AC ont décidé de l’arrêt du chantier le 12 avril 2023. Notons que l’on a constaté ce 15 avril 2023, qu’une équipe de maçons poursuivait la construction au niveau du troisième étage de l’immeuble. « Ils (les agents de l’ONC/AC) sont venus marquer « arrêt de chantier » le mercredi 12 avril 2023. Après leur départ, ils (les maçons) ont travaillé jusqu’à trois heures du matin », a déploré Moïse Ouédraogo.
Par ailleurs, des voisins à l’immeuble dont Moïse Ouédraogo jugent que l’immeuble est bâti dans le non-respect des normes de construction. Ils craignent son écroulement.
Le propriétaire donne sa version
Présent sur les lieux, le propriétaire du chantier a commencé par dire sa surprise par rapport à la manifestation. Concernant les autorisations de construire, Issa Jean Théophile Kaboré a indiqué qu’il ne dispose pas d’un PUH. Il a fait comprendre qu’en tant que propriétaire terrien, il avait demandé un PUH au niveau de la mairie de l’arrondissement n°06 sans avoir gain de cause, compte tenu de la suspension des opérations de lotissements depuis 2011.
« L’insuffisance se trouve à quel niveau ? C’est au niveau de l’administration. C’est l’administration qui n’est pas en mesure de me donner un PUH. J’ai entrepris la construction tout comme les voisins plaignants même qui ont construit sans permis aussi », en a-t-il conclu.



Concernant les doutes sur le respect des normes dans la construction, Issa Jean Théophile Kaboré a expliqué que son immeuble est construit sur la base d’études de faisabilité. Il a ajouté que ses voisins l’ont attaqué en justice à ce sujet.
« A la justice, ils ont dit qu’eux, ils doutent de l’authenticité de mes documents et le président du Tribunal a renvoyé le procès (…) et leur a dit qu’il va faire expertiser l’immeuble à leur compte. Un expert immobilier a été commis pour la tâche. Il a fait l’expertise (…) et il a conclu à la page seize (de son rapport d’expertise) que la ruine de l’immeuble n’est pas à craindre pour les occupants et le voisinage. Par rapport à ça, la justice a rejeté leur demande de démolition de l’immeuble et les a condamné à me rembourser les frais d’expertise qui s’élèvent à 1 160 000 F CFA. Ils ont interjeté. Nous sommes allés à la Cour d’Appel et la Cour d’Appel a confirmé le premier jugement dans son entièreté. Ça veut dire que l’immeuble n’est pas à détruire », a-t-il expliqué.
Concernant l’arrêt de chantier qui a été décidé par l’ONC/AC, Issa Jean Théophile Kaboré dit avoir rencontré les responsables de la structure avec les ordonnances de justice. Il a indiqué que les responsables de l’ONC/AC lui ont autorisé à poursuivre le chantier en changeant la destination de l’immeuble. « Puisque l’immeuble était conçu pour une école, ils m’ont demandé d’en faire une destination commerciale et je suis en train de finaliser. J’ai même créé une plaque pour mettre l’immeuble en location », a-t-il expliqué.
Suite aux dires de Issa Jean Théophile Kaboré, ses voisins à travers Moïse Ouédraogo, ont apporté un démenti avec preuve à l’appui. Le démenti en question porte sur le rapport d’expertise selon lequel la ruine de l’immeuble n’est pas à craindre. Dans un document présenté par Moïse Ouédraogo comme la copie de la page seize du rapport d’expertise dont faisait cas le propriétaire, on lit que l’immeuble est érigé sans autorisation, dans le non-respect des normes. On lit également que la ruine de l’immeuble n’est pas à craindre. « Il est néanmoins recomnmandé l’arrêt du chantier afin de se conformer aux normes et règles en vigueur en matière d’urbanisme et de construction et surtout, d’avoir
l’assistance d’un contrôleur technique pour donner des avis sur les corrections et
renforcements éventuels à effectuer », est-il aussi écrit dans le document.
En tout état de cause, les services de la mairie sont venus écouter les deux parties et ils ont ordonné l’arrêt provisoire de la construction. Ils ont également donné rendez-vous aux deux parties le lundi 17 avril 2023 à 10 heures à la mairie de l’arrondissement n°06.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7