Djamila Barry (actrice) : «Je ne me fixe pas de limite»


Révélée au grand public en 2012 grâce au célèbre réalisateur burkinabè Boubakar Diallo, Ouarda Djamila Barry est désormais une actrice sur qui le Cinéma burkinabè peut et doit compter pour son rayonnement. Très ambitieuse, la jeune actrice ne se fixe aucune limite, aucune frontière. Comme la réalisatrice du film « Frontières », Ouarda Djamila Barry ira même récemment dans le désert mauritanien pour participer au tournage de « Sira », en lice pour l’Etalon de Yennenga au FESPACO 2023. Le vendredi 24 février 2023, Ouarda Djamila Barry était dans les locaux de Faso7 pour parler de sa passion. Interview !





Faso7: Vous avez une cinématographie très riche et qui commence très tôt. Qui vous a inspirée ? Vos parents ?
Ouarda Djamila Barry : Je n’ai pas eu de parents dans ce milieu-là. Ça toujours été un rêve d’enfance que j’ai voulu réaliser.
Faso7: Les choses sont allées très vite, dès 2012, on vous confie de très grands rôles dans des films, quel a été le secret ?
Ouarda Djamila Barry : Ce n’est pas un secret en tant que tel parce que c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, donc je suis allée vers ça. Moi-même ça m’a surpris. J’ai eu la chance de côtoyer Boubacar Diallo qui a cru en moi et qui m’a donné mon premier rôle. Donc, c’est parti de là.
Faso7 : On vous a même confié des premiers rôles. Vous jouez dans de très grands films. C’est quoi le ressenti aujourd’hui ?
Ouarda Djamila Barry : Je suis contente déjà de faire partie des projets tels que le projet d’Apolline Traoré et « Epine du Sahel » qui passe actuellement pour le FESPACO. C’est toujours la joie et la fierté.
Faso7 : Vous êtes actrice dans « Sira » d’Apolline Traoré. Ça représente quoi pour vous de jouer dans ce film qui a eu l’exclusivité au festival de Berlin ?
Ouarda Djamila Barry : C’est une fierté. Déjà, Apolline Traoré est une grande bosseuse et faire partie de cette aventure, c’est un honneur. J’ai été et j’ai vu comment elle s’est battue pour ce projet-là. Donc, je ne peux qu’être fière de faire partie de cette aventure burkinabè.
Faso7 : Pour le tournage de ce film, la réalisatrice a confié que l’équipe de tournage a rencontré beaucoup de difficultés. Il y avait des acteurs qui étaient à bout. Tu étais de ces acteurs-là ?
Ouarda Djamila Barry : Pour le tournage du film « Sira », les conditions en Mauritanie n’étaient pas faciles, déjà avec la chaleur. Il faisait tellement chaud. J’ai été sur le terrain et j’ai vu comment elle-même a souffert pour réunir l’équipe. On quitte d’un pays à un autre pour aller tourner et les conditions ne sont pas pareilles. Ce n’est pas la même nourriture. On ne se plaint pas, c’est une aventure. On s’est forgé, mais ce n’était pas facile. Je fais partie de ces personnes-là (rires).
Faso7 : Le tournage de « Sira » a duré 3 mois en Mauritanie. Pour une femme tout ce temps loin des siens, comment tu fais ?
Ouarda Djamila Barry : On prend nos précautions parce que ce n’est pas la première fois. Moi par exemple, j’ai déjà été au Sénégal pour des séries et des longs-métrages. On se prépare. Ce n’est pas quelque chose qui nous surprend. Je m’organise.
Faso7 : Le Burkina Faso a connu de très grands acteurs, femmes comme hommes. Peux-tu te considérer comme étant la relève aujourd’hui ?
Ouarda Djamila Barry : On n’est pas encore arrivé à là, mais on est sur le bon chemin, je dirais. Ça vient. C’est tout notre souhait.
Faso7 : Est-ce qu’il y a une scène que tu ne vas jamais accepter de jouer ?
Ouarda Djamila Barry : Je ne pense pas que quelque chose puisse m’arrêter. Je ne me fixe pas de limite. J’essaie d’aller jusqu’au bout de ce que je veux faire et j’espère que ça va être toujours le cas. En tant qu’acteur, on espère pouvoir incarner tout type de rôle qu’on nous confie. Donc, tant que je n’essaie pas, je ne peux pas dire que ce rôle-là, je ne peux pas l’incarner.
Faso7 : S’il arrivait qu’un célèbre réalisateur te proposait une scène dans laquelle tu seras appelée à jouer sans vêtement, vas-tu-accepter ?
Ouarda Djamila Barry : (Rires) Oui, pourquoi pas ? Ça dépend du projet. Ça dépend du rôle et de l’approche de la personne. Franchement, je ne pense pas que je me fixe de limite par rapport à ça.
Faso7 : On parle souvent des problèmes entre les réalisateurs et les acteurs. Le plus souvent, ce sont des problèmes d’argent. As-tu déjà joué sans être payé ?
Ouarda Djamila Barry : Il m’est arrivé à mes débuts de jouer sans passer à la caisse. Maintenant, je prends le temps de savoir et chercher avec qui je vais travailler avant de m’engager. Je prends le temps d’étudier la personne avec qui travailler sur le projet. Je ne m’engage pas comme ça actuellement. On a toujours eu ces problèmes. Je ne pense pas que ce soit la faute des réalisateurs parce que souvent, on finit le projet et le financement prend du temps.
Faso7 : Tu es actrice. C’est un métier. Mais tu es très active dans le domaine de l’immobilier. Pourquoi ? Est-ce à dire que le métier d’acteur ne nourrit pas son homme ?
Ouarda Djamila Barry : Le métier d’acteur et précisément au Burkina Faso ne nourrit pas son homme parce qu’on n’est pas payé en tant que tel. On est payé, mais pas à la hauteur de notre travail. Cela ne nous permet pas de vivre toute l’année avec. Si tu ne fais pas quelque chose à côté, c’est compliqué. Voilà pourquoi je me suis lancée dans l’immobilier.
Faso7 : Quel a été ton plus gros contrat pour le tournage d’un film ?
Ouarda Djamila Barry : (Rires) Je ne me rappelle pas, mais le plus petit salaire en tant qu’actrice, je peux dire que j’ai eu à jouer un rôle où j’étais vraiment présente et à la fin, j’ai touché 100 000 F CFA.
Faso7 : Quel est ton plus grand rêve ?
Ouarda Djamila Barry : Mon rêve, c’est d’avoir plus de projets dans de bons films et pourquoi pas faire des grands festivals et mettre le Burkina Faso à l’honneur. Grâce à cela, on saura qu’on a du talent au Burkina.
Faso7 : Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ce domaine ?
Ouarda Djamila Barry : Les difficultés majeures, on ne nous paie pas bien et on espère qu’on va financer nos réalisateurs pour qu’ils puissent bien nous payer. Sinon, en tant qu’actrice actuellement, je ne peux pas dire que j’ai rencontré des difficultés. Je rends grâce. Quand je sors, on me dit, ah ! Djamila, tu as joué dans tel film et ça fait toujours plaisir.
Faso7 : Il est dit souvent que dans le milieu du cinéma, les femmes font objet de harcèlement, des choses qui ne sont pas bien. Est-ce tu as été victime de cela ?
Ouarda Djamila Barry : Franchement, je n’ai pas été victime de ça. Ce que je rencontre, ce sont des préjugés. Quand tu es une femme dans le cinéma, on pense que tu sors avec tout le monde. Ce sont juste des préjugés, mais les gens qui apprennent à me connaître savent que ce n’est pas ça. Sinon, je n’ai pas rencontré ces genres de cas me concernant.
Faso7 : En quoi le FESPACO est bénéfique pour les acteurs ?
Ouarda Djamila Barry : Ce festival est beaucoup bénéfique pour les acteurs parce que c’est l’occasion de faire des rencontres, de nouer les liens de partenariat et pourquoi pas de rencontrer d’autres producteurs pour aller travailler ailleurs, loin d’ici et de présenter nos œuvres aussi.
Faso7 : Est-ce que lors des éditions passées du FESPACO, tu as eu à faire des rencontres qui t’ont permis de tourner dans des films ?
Ouarda Djamila Barry : Oui, j’ai eu à faire des rencontres. J’ai rencontré des gens avec qui après j’ai travaillé au Sénégal dans une série.
Faso7 : Est-ce qu’il y a un acteur ou une actrice au Burkina Faso à qui tu t’identifies ?
Ouarda Djamila Barry : Je dirai que j’ai beaucoup plus appris avec nos doyens. Si je prends l’exemple de Ildevert Méda avec qui j’ai joué dans le « Bonnet de Modibo », et Issaka Sawadogo dans « Les trois lascars » dernièrement. Ce sont des gens très généreux avec lesquels j’ai beaucoup appris.
Faso7 : Que penses-tu d’Abdoulaye Komboudri ?
Ouarda Djamila Barry : C’est un grand acteur du cinéma. Nos devanciers, je dirais. J’ai eu aussi à travailler avec lui dans quelques projets. C’est quelqu’un de très généreux et très gentil.
Faso7 : Que penses-tu d’Hyppolite Ouangraoua ?
Ouarda Djamila Barry : Je ne l’ai pas encore rencontré, mais j’espère bien qu’un jour, ça se fera.
Faso7 : Que penses-tu d’Eugène Bayala dit Oyou ?
Ouarda Djamila Barry : On a joué ensemble dans « Les trois lascars », c’est quelqu’un de très amusant.
Faso7 : Que penses-tu d’Odilia Yoni ?
Ouarda Djamila Barry : Je n’ai pas encore travaillé avec elle.
Faso7 : Tu as eu la chance de voyager pour aller jouer à l’international. En tant qu’actrice burkinabè, est-ce que tu penses que ta rémunération est différente à celle des acteurs d’autres pays ?
Ouarda Djamila Barry : C’est différent. Mais le projet dépend du financement qu’il a eu. On n’est pas assez bien financé, c’est sûr qu’il y aura la différence. Par exemple où je suis allée jouer, peut-être qu’ils ont les moyens de me faire revenir et de me payer donc ça ne peut pas être pareil qu’au Burkina. Les financements ne sont pas pareils. Eux, ils ont de bons financements et ici, nous, on n’a pas de bons financements. Ça ne peut jamais être pareil. Donc je ne peux pas comparer franchement.
Faso7 : Si « Sira » remportait l’Etalon d’or de Yennenga, qu’est-ce que tu vas ressentir ?
Ouarda Djamila Barry : La joie et l’honneur d’avoir fait partie de ce projet. Et c’est tout ce que j’espère d’ailleurs et souhaite à nous, l’équipe, acteurs et à la réalisatrice. Merci à Faso7 de m’avoir invité. Merci aux fans, au public burkinabè pour le soutien.
Propos recueillis par Bernadette KAMBIRE (Stagiaire)
Faso7