Chasse aux Noirs en Tunisie : Le Burkina Faso va rapatrier ses ressortissants
Depuis plusieurs semaines, les immigrés noirs vivant en Tunisie font face à des actes de racisme. Dans plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux, des Noirs se font agresser par des Tunisiens. Selon Davy Zigani, un Burkinabè vivant en Tunisie contacté par Faso7 ce samedi 25 février 2023, ces Tunisiens accusent les Noirs d’être venus ‘’pour les coloniser’’.
L’Ambassade du Burkina Faso à Tunis a informé, ce 25 février 2023, les Burkinabè vivant en Tunisie que des voyages seront organisés pour ceux qui désirent volontairement retourner au pays.
« Pour les compatriotes qui rencontrent des difficultés dans la mobilité particulièrement ceux hors du Gouvernorat de Tunis, l’Ambassade leur recommande de privilégier les inscriptions en ligne », peut-on lire dans le communiqué.
Selon le contact de Faso7 à Tunis, Davy Zigani, des Tunisiens accusent les Noirs « d’être venus pour les coloniser ». Aussi, pour ces Tunisiens, les Noirs sont responsables des difficultés financières que rencontre leur pays. C’est sur les réseaux sociaux que la propagande anti-Noirs est menée. Et aucun Noir n’est épargné. Pas même les enfants.
« Il y a des bébés qui ont failli mourir dans la maison sans nourriture parce que leurs mères ont été arrêtées », témoigne Davy Zigani.
Vivant en Tunisie depuis 5 ans, Davy Zigani a pu bien s’intégrer dans son pays d’accueil. Cependant, il compte bien quitter le pays. « Ils disent que ce sont les Européens qui sont en train de faire de la politique afin que les Subsahariens colonisent la Tunisie et se sédentarisent. Voilà où le problème a commencé. La chasse à l’homme a commencé. Les bébés, leurs mères, les malades, dès que tu sors, on te prend. Pour eux actuellement, le black est un chien. On a une sœur qui a été brutalisée et violée, mais ça n’ira nulle part », poursuit Davy Zigani.
Au-delà des réseaux sociaux, cette propagande contre les Noirs est aussi nourrie et entretenue par la haute classe politique tunisienne, en témoigne la dernière sortie du président tunisien Kaïs Saïd sur l’immigration clandestine.
En effet, dans son palais de Carthage, le 21 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïd, dans un discours, a estimé que le problème de l’immigration clandestine des Africains noirs est une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », dans le but de transformer son pays, la Tunisie, en un pays « africain seulement » et mettre fin à son caractère « arabo-musulman ».
Ces propos du Président Kaïs Saïd ont été condamnés par plusieurs dirigeants du monde ainsi que l’Union africaine.
En plus du soutien de la communauté internationale, les Subsahariens bénéficient également du soutien de l’UGTT. Il s’agit de la plus grande branche syndicale du pays. Les militants de ce syndicat ont organisé une grande marche ce samedi 25 février 2023, pour apporter leur soutien aux Subsahariens et dire non au racisme.
Il faut noter que l’accès en Tunisie est conditionné par l’obtention d’un visa, mais les ressortissants burkinabè ne sont pas concernés par cette mesure, car une convention d’exemption de visa lie le Burkina Faso à la Tunisie.
Amadou ZEBA
Faso7
