« Dans cette guerre, il va falloir arrêter la paresse » (Capitaine Ibrahim Traoré)

En vue de permettre aux commissaires de la Police nationale de s’interroger sur le passé et l’avenir de leur institution, une conférence a été organisée ce jeudi 9 février 2023, à Ouagadougou. Cette conférence est placée sur le thème, « La police nationale à l’heure de la modernisation institutionnelle et des défis sécuritaires émergents ».

Présidée par le chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré, la conférence a réuni 300 cadres de la Police nationale. Le capitaine Ibrahim Traoré s’est adressé aux FDS à travers la Police nationale, sur la réorganisation de la police et de la gendarmerie, les équipements des porteurs de tenues et  la lutte contre la corruption.

Selon le capitaine Traoré, la guerre est une guerre d’intelligence qui n’est pas au-delà des forces combattantes. Ainsi, il les a invitées à être engagées, à instruire les hommes, les recycler et les former pour qu’ils puissent s’adapter à ce nouveau concept de guerre.

« Dans cette guerre, il va falloir arrêter la paresse. Il va falloir verser plus de sueur. La paresse ne nous arrange pas. L’ennemi lui-même n’est pas paresseux. Vous ne le voyez jamais venir. C’est très rare de le voir venir vous attaquer et comment il vient ? Il coule assez de sueur pour arriver à vos positions. Mais pourquoi, nous ne voulons pas couler assez de sueur pour aller vers lui ? Pourquoi nous voulons être à l’aise, rouler  sur nos pistes, tomber dans des embuscades ? Il  n’est pas sur des pistes. Pourquoi nous continuons de mourir sur la piste ? », a-t-il questionné.

[Vidéo] – Capitaine Ibrahim Traoré : « Pourquoi nous continuons de mourir sur la piste ? »

De son avis, les commissaires de police qu’il a appelés « leaders » doivent conduire ce combat, changez de style et motiver leurs hommes. « Je ne vous dis pas h24 (24h/24h, ndlr) à être sur le terrain mais, souvent, il faut y allez. Allez-y, voyez, montrez-les, voyez-les failles, corrigez-les à partir de là, ils vous respecteront. Si le subordonné ne vous sent pas à ses côtés, ne sent pas que vous avez un plus, juste là à lui donner des ordres, il est réticent », a-t-il invité.

En ce qui concerne la mobilisation générale des forces, le président a laissé entendre qu’il y a assez de chevauchements entre la Police nationale et la Gendarmerie nationale. Il a ainsi annoncé la réorganisation prochaine qui permettra qu’il y ait des zones qui soient occupées par la police et d’autres par la gendarmerie pour plus de résultats sur le terrain.

Sur le cas de la corruption, le chef suprême des armées a invité les hommes à arrêter certains comportements.  « Est-ce les hommes se rendent compte que lorsqu’on te met à un poste de contrôle et que vous laissez passer des véhicules, peut-être qu’on ne s’intéresse qu’aux cars, ces véhicules transportent quoi ? (…) Par cette manière, vous pouvez laisser un véhicule qui transporte des armes qui va aller tuer soit nos frères ou des gens qui sont très proches par notre faute », a interpelé le chef de l’Etat.  

Il a félicité les hommes engagés (FDS et VDP) et particulièrement la police pour son système actuel, à travers sa nouvelle unité, qui a fait ses preuves en matière de combat et de renseignements.

La conférence des commissaires de police est un organe de concertation et de gestion participative relative aux questions importantes de la Police nationale. « Elle sert de cadre pour mener des réflexions et de faire des propositions, entre autres, sur les défis sécuritaires du moment, les stratégies opérationnelles pour faire face à l’insécurité, les grandes orientations relatives à la vie de l’institution, l’état de la déontologie et dans les discipline de la police nationale », a laissé entendre le Directeur General de la Police nationale, le Contrôleur général de police, Roger Ouédraogo.

Selon le ministre en charge de la sécurité, le Colonel Boukaré Zoungrana, les orientations qui ont été données précisent que la Police nationale doit savoir que toutes les forces, à l’instar d’elle-même, seront davantage engagées dans la lutte contre le terrorisme.  

« Il faut qu’on puisse s’armer de courage et qu’on puisse savoir que l’ennemi qui est en face à savoir le terroriste, n’est pas plus fort que nous. Il n’est pas plus intelligent que nous. Il faut juste une intelligence collective pour venir à bout de ces terroristes », a-t-il affirmé. Le Colonel Boukaré Zoungrana a par ailleurs informé les moyens demandés par la Police nationale, à savoir l’armement, leur sera dotés comme les autres unités.

Au cours de cette conférence des commissaires, 13 thèmes seront développés durant les 48h. Il s’agit, entre autres du thème principal de la conférence, « La police nationale à l’heure de la modernisation institutionnelle et des défis sécuritaires émergents », et les tables rondes sur les défis sécuritaires, la déontologie et la discipline.