Roch Kaboré « a manqué l’occasion de redonner confiance aux partenaires sociaux », (Me Gilbert Ouédraogo)

Le 2 avril 2020, le Président du Faso, Roch Kaboré a annoncé une série de mesures pour amoindrir  les effets de la maladie à Coronavirus qui sévit au Burkina Faso depuis le 9 mars 2020. A la date du 3 avril 2020, le cap des 300 cas positifs a été dépassé. Dans ces lignes, Me Gilbert Noël Ouédraogo, Président de l’ADF/RDA et candidat déclaré à la Présidentielle analyse les mesures prises par le Chef de l’Etat.

Je voudrais tout d’abord saluer la force de notre peuple éprouvé par tant de défis existentiels dont la dernière en liste est la pandémie du COVID-19. Comme je l’ai fait à maintes reprises, je ne manquerai pas d’inviter à nouveau tout un chacun à observer les mesures barrières car en protégeant les autres on se protège soi-même.

Concernant les mesures annoncées par le chef de l’Etat, je voudrais dire que si elles visent à atténuer un tant soit peu les répercussions économiques de la pandémie, il n’en demeure pas moins qu’elles n’auront pas un effet considérable et assez rapide sur le quotidien des Burkinabè car ne touchant pas tous les secteurs d’activités fortement impactés par la pandémie.

Face à ce défi historique qui touche la nation toute entière, la nécessité d’une union sacrée devrait se matérialiser au sommet de l’État par des consultations avec l’ensemble des forces vives de la Nation de même qu’avec toute la classe politique nationale afin qu’ensemble, main dans la main, les fils et filles de notre pays se retrouvent pour mieux identifier les leviers à actionner pour parer au plus pressé. Malheureusement, jusqu’à la fin du discours du Chef de l’État, aucun appel à l’union sacrée et à une solidarité agissante autour de la gestion de cette grave crise n’a été lancé.

Le Chef de l’État a également manqué l’occasion de redonner confiance aux partenaires sociaux et d’apaiser le climat social, en ignorant nos multiples appels à une suspension des coupures opérées sur les salaires des travailleurs en grève et à un ajournement de l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités. Un tel geste aurait eu pour effet immédiat de mobiliser toutes les forces dans le combat contre le Covid-19.

Aucun mot n’a également filtré quant aux mesures à prendre relativement au système éducatif perturbé du fait de l’épidémie. Quel accompagnement de l’État vis-à-vis des élèves, des étudiants et des enseignants ? Comment l’année sera-t-elle sauvée ? Quel sera le sort des élèves en classe d’examen ? Qu’est ce qui sera fait pour les nombreux autres secteurs touchés ?

Trop d’interrogations qui sont restées sans réponse après un message qui pourtant était attendu depuis le début de la crise sanitaire. A y regarder de près, certaines mesures ressemblent à du saupoudrage.

En effet, pour ne citer que quelques exemples parmi tant d’autres, l’on est amené à se poser un certain nombre de questions :


– Qu’est-ce qui est fait concrètement pour la multitude de petits commerçants des marchés et yaars qui n’ont plus accès à leurs lieux de travail?

– La distribution de vivres aux plus démunis d’entre-eux suffira t’elle à éviter leur clochardisation ?

– De même, pour les taximen qui sont en arrêt de travail, à quoi leur servirait cette gratuité du parking annoncée ?

– Comment les transporteurs et hôteliers vont-ils faire pour honorer les salaires de leurs personnels lorsque leurs activités sont arrêtées?

– Pour la gratuité annoncée de l’eau au niveau des bornes fontaines, comment cela va se faire concrètement ?

– Quant à la gratuité de l’électricité selon l’ampérage, quelles sont les dispositions prises pour les détenteurs des compteurs cash power?

– Que dire des paysans ?

Vous l’aurez constaté, il y a tellement de problèmes qui se posent qui nécessitent que la réflexion soit approfondie et nourrie. C’est la raison pour laquelle je reste convaincu qu’au-delà des annonces faites, il va falloir que le Chef de l’Etat s’apprête pour une troisième sortie pour une prise de nouvelles mesures s’il veut réellement soulager la souffrance des Burkinabè face à cette pandémie.

Me Gilbert Noël Ouédraogo

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